Abidjan, 16 juin 2025 (crocinfos.net) – Réunis en Assemblée Générale extraordinaire le samedi 14 juin à Abidjan, les secrétaires généraux des syndicats membres de la Coalition des Syndicats de la Santé (COALISANTE) et syndicats associés ont adopté un préavis de grève nationale. Cette action, prévue du mardi 1^er au vendredi 4 juillet 2025, pourrait être reconduite si aucune réponse concrète n’est apportée par les autorités compétentes.

Le ton est grave. Lassés par les promesses non tenues et le blocage de plusieurs textes réglementaires à incidence financière, les agents de santé dénoncent « une injustice persistante » et appellent à une mobilisation générale. « Nous n'avons pas été écoutés malgré les accords, les rencontres et les saisines successives des autorités depuis 2021 », déclare le porte-parole de la coalition.

Des revendications anciennes, toujours en attente

Au cœur des revendications :

le paiement effectif de l’indemnité de sujétion instaurée par le décret n°61-95 du 10 avril 1961,

la signature et l'application des décrets liés à la réforme hospitalière,

la rémunération des gardes et astreintes,

l’inclusion des agents d’hygiène dans le dispositif de motivation,

et le versement de la prime trimestrielle d’incitation, promise mais jamais mise en œuvre.

Selon les leaders syndicaux, ces textes ont pourtant été consolidés lors des ateliers tenus avec les autorités, validés lors de rencontres officielles — notamment celle du 16 novembre 2021 avec le Premier ministre — et même annoncés comme signés en Conseil des ministres du 1^er décembre 2021.

L’Assemblée Générale a également déploré la montée des agressions verbales et physiques contre les agents de santé, alimentée, selon elle, par le mécontentement des populations face à la dégradation du système de santé. Le cas récent d’une infirmière agressée à l’EPHD de Bonoua a été cité comme illustration de cette tension croissante sur le terrain.

Les syndicats regrettent l’attitude du gouvernement qu’ils jugent « dilatoire » et dénoncent une application « à double vitesse » de la réforme hospitalière, pénalisant en premier lieu le personnel soignant.

Une grève pour se faire entendre

Dans une volonté d’épuiser toutes les voies de recours avant d'en venir à la rupture, les syndicats annoncent avoir adressé le préavis de grève au ministre de la Santé, avec ampliation à la Présidence de la République, à la Primature, ainsi qu’à plusieurs autres institutions nationales et internationales, dont Amnesty International et le Conseil national des droits de l’Homme.

Le mouvement de grève concernera tous les établissements sanitaires publics sur l’ensemble du territoire ivoirien. La Coalisante précise toutefois privilégier le dialogue et appelle le gouvernement à « des réponses concrètes, durables et justes » dans l’intérêt de tous.

Pour les syndicats, il n’est plus question d’attendre indéfiniment. Ils espèrent qu’à la suite de ce préavis, les autorités prendront enfin la mesure de l'urgence. « Nous portons une lutte pour la dignité des agents de santé. Une lutte, un espoir », conclut la coalition dans son communiqué, réaffirmant son engagement au service du bien-être du personnel de santé ivoirien.

Charles Kpan