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C R O C I N F O S

[Justice – PPEF] Le film de la clôture d’un long procès sur l’orpaillage illégal dans le Hambol

[Justice – PPEF] Le  film de la clôture d’un long procès sur l’orpaillage illégal dans le Hambol

Clôture d’un long procès sur l’orpaillage illégal dans le Hambol

Le tribunal du Pôle pénal économique et financier d’Abidjan a clôturé un vaste procès pour orpaillage illégal dans le Hambol, impliquant 71 prévenus, dont plusieurs figures influentes, condamnés à de lourdes peines.

Abidjan, le 13 juin 2025 (crocinfos.net)– Le tribunal du Pôle pénal économique et financier (PPEF) d’Abidjan a rendu le jeudi 12 juin 2025, son verdict dans l’affaire d’orpaillage illégal qui a secoué la région du Hambol, notamment dans les localités de Fronan et Dabakala. Ouvert depuis un peu plus de deux mois, le procès a concerné 71 prévenus, parmi lesquels une majorité de ressortissants chinois, ghanéens et ivoiriens.

Ces derniers ont été appréhendés sur des sites d’exploitation aurifère non autorisés par l’administration. Le tribunal les a condamnés à des peines allant de 14 à 24 mois d’emprisonnement ferme, assorties d’une interdiction de séjour en Côte d’Ivoire pour une durée de cinq ans. Ils seront expulsés du territoire dès la fin de leur peine.

Par ailleurs, plusieurs figures clés du dossier ont été fixées sur leur sort. L’homme d’affaires chinois Xu Qi, l’officier supérieur de l’armée ivoirienne, le colonel Ouattara Ben Aziz, ainsi que Zié Daouda, ont été relaxés des accusations de blanchiment de capitaux. Le tribunal a ordonné la levée des saisies sur leurs biens et la restitution de leurs passeports.

Cependant, Zié Daouda a été reconnu coupable de mise en location d’une autorisation administrative sans aval des autorités compétentes. Il a écopé de six mois de prison ferme, sans amende, aucune sanction pécuniaire n’étant prévue par la loi pour cette infraction, selon la présidente du tribunal.

Xu Qi a, pour sa part, été condamné à 24 mois de prison ferme et à une amende de 50 millions de FCFA pour avoir fourni le matériel d’exploitation. Le colonel Ouattara Ben Aziz a reçu la même peine.

Peine exemplaire pour Apithy Sourou Aurélien

L’un des moments forts du verdict a concerné Apithy Sourou Aurélien, de nationalité ivoirienne et béninoise, reconnu coupable de blanchiment de capitaux, d’exploitation sans permis minier et d’orpaillage illégal. Le tribunal l’a condamné à sept ans d’emprisonnement ferme, assortis d’une amende d’un milliard de FCFA. Il est également déchu de ses droits civils et politiques.

La société minière qu’il dirigeait a, elle, été condamnée à verser cinq milliards de FCFA à l’État ivoirien. La présidente du tribunal a détaillé la liste des biens saisis : maisons, terrains non bâtis à Assinie et à la Riviera, ainsi que plusieurs véhicules, attestant de l’efficacité des enquêtes préliminaires.

Lors de l’audience, plusieurs témoignages ont mis en lumière le rôle central joué par Apithy Sourou dans les manœuvres frauduleuses, bien qu’il ait nié l’ensemble des faits. L’accusé est apparu abattu à l’énoncé du jugement, concédant d’une voix faible son accord avec la décision du tribunal.

Diaby Matenin, accusée dans deux dossiers de fraude au carburant

Un autre volet du procès a concerné Diaby Matenin, poursuivie dans deux affaires distinctes de blanchiment de capitaux et d’escroquerie, liées à des livraisons fictives de carburant.

Dans le premier dossier, le parquet a requis cinq ans d’emprisonnement ferme et la restitution solidaire de 816 millions de FCFA. Dans le second, la réquisition a été identique, mais le préjudice s’élève à un milliard de FCFA. Diaby Matenin aurait agi de concert avec un notaire, Me Bohoussou (actuellement en fuite), et un rabatteur nommé M. Yeo. Ce dernier avait pour mission d’attirer les clients, tandis que le notaire établissait des contrats destinés à les rassurer. Une fois les sommes encaissées, la livraison de carburant n’était jamais effectuée.

L’accusée, connue dans son entourage sous le surnom de « Diaby milliardaire », a été victime d’un malaise à l’audience, saignant du nez à l’annonce du renvoi du délibéré au 25 juin 2025. Son avocat a indiqué qu’elle souffrait de problèmes de santé nécessitant une assistance médicale.

Un procès révélateur de pratiques frauduleuses

Les débats ont permis de mettre en lumière un réseau organisé de fraudes autour des ressources minières et énergétiques. Les avocats des différents prévenus ont multiplié les plaidoiries techniques pour tenter de disculper leurs clients, sans toutefois convaincre les juges sur la majorité des faits.

L’affaire, par sa complexité et la diversité des acteurs impliqués, rappelle l’importance du rôle du PPEF dans la lutte contre les crimes économiques en Côte d’Ivoire.


Charles Kpan, info Fernand Dédeh envoyé spécial au PPEF