L'ancien ministre d’État Constant Bombet
À Duékoué, le PDCI traverse une crise interne à l’approche des législatives de décembre 2025. Les secrétaires généraux de la délégation contestent le choix de Désiré Gui Dibo, imposé par Emile Constant Bombet, ancien ministre d'État.
Abidjan, le 16 novembre 2025 (crocinfos)---Les élections législatives du 27 décembre 2025 s’annoncent particulièrement agitées à Duékoué, où le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI-RDA) traverse une zone de turbulences. L’ancien ministre d'État Emile Constant Bombet, vice-président du PDCI et membre influent du Comité électoral, fait l’objet d’une vive contestation au sein de la délégation de Duékoué 2. Les secrétaires généraux de cette délégation l’ont ouvertement accusé d’imposer le fils de son ami, l'ex-ministre Paul Gui Dibo, comme candidat, bien que ce dernier ne fasse pas partie de leur délégation. Ce désaccord, qui a pris une tournure publique le 15 novembre 2025, soulève des interrogations sur la gestion interne du PDCI et la transparence de son processus de sélection des candidats.
Des années de travail acharné pour une reconquête du siège
Les tensions sont apparues après le retrait de l’honorable Touré Yah en 2021, un départ qui a laissé un vide au sein de la délégation. Depuis lors, Narcisse Taha, le permanent de la délégation de Duékoué 2, a pris les rênes de la mobilisation et du travail de terrain. Il a, avec les secrétaires de section, les présidents des comités de base et les représentants des jeunes et des femmes, insufflé une nouvelle dynamique à la délégation. En quatre ans, la délégation est passée de 19 à 32 sections, un signe indéniable de vitalité retrouvée et d'engagement. "Nous avons travaillé sans relâche pour atteindre cet objectif, pour reconquérir notre siège de député perdu en 2021", rappellent les secrétaires généraux dans leur déclaration.
C’est dans ce contexte de travail assidu et d’efforts collectifs que l’annonce de la candidature de Désiré Gui Dibo, supposément soutenue par le vice-président Bombet, a provoqué l’incompréhension. Selon les secrétaires généraux, la situation est d’autant plus choquante que le processus interne semblait avoir abouti à un accord sur le choix du candidat.
Un choix contesté et une gestion partisane des candidatures
Lorsque les candidatures pour la circonscription de Bagohouo, Guézon, et Gbapleu ont été déposées à la commission du District des Montagnes, deux noms se sont démarqués : Narcisse Taha et Désiré Gui Dibo. Après examen des dossiers et auditions des prétendants, la commission a retenu Narcisse Taha comme candidat. Ce dernier, selon les informations en possession des contestataires, avait été désigné par la base comme le choix de la délégation. Cependant, la surprise est survenue lorsque Narcisse Taha a soudainement retiré sa candidature au profit de Désiré Gui Dibo, suscitant l'indignation de ses partisans.
Les secrétaires généraux accusent ouvertement le vice-président Emile Constant Bombet d’avoir imposé Désiré Gui Dibo en raison de ses liens personnels avec l’ancien ministre d’État Paul Gui Dibo. Selon eux, M. Bombet aurait argumenté que "le nom de l’homme est suffisant pour gagner une élection" dans la région de Duékoué, sans tenir compte de l’énorme travail de terrain effectué par Narcisse Taha et les autres membres de la délégation. Ce choix de stratégie semble ignorer l’engagement de la base locale, qui se sent trahie et dévalorisée par cette décision perçue comme une manœuvre partisane.
Le climat de frustration et la mise en garde contre un mauvais choix
Les secrétaires généraux de Duékoué 2 ne cachent pas leur mécontentement et leur désillusion. Dans leur déclaration, ils s’indignent de ce qu’ils considèrent comme un "désordre" organisationnel que le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, avait dénoncé à plusieurs reprises. Ils dénoncent le fait que les décisions prises à Abidjan semblent ignorer la réalité du terrain, des réalités locales sur lesquelles les secrétaires de section se battent quotidiennement. "Nous ne nous reconnaissons pas dans le choix de M. Désiré Gui Dibo comme candidat. Nous refusons de participer à une campagne qui, selon nous, est vouée à l’échec", affirment-ils avec fermeté.
Les contestataires ne cachent pas leur inquiétude quant à la répercussion de cette situation sur la campagne électorale à venir. En l'absence de soutien concret de la part de la direction du parti, ils estiment qu'ils seront contraints de se retirer du processus électoral. "Nous espérons que ceux qui prennent les décisions à Abidjan viendront avec un nouveau staff pour la campagne de leur candidat, car nous refusons de nous faire humilier lamentablement", avertissent-ils.
Un avenir incertain pour le PDCI à Duékoué ?
Ce différend au sein du PDCI soulève des questions cruciales sur la manière dont le parti gère ses processus internes de sélection des candidats et l'importance du respect des décisions prises à la base. La tension entre le vice-président Emile Constant Bombet et les secrétaires généraux de Duékoué 2 pourrait avoir des conséquences sur la cohésion du parti et sa capacité à mobiliser ses électeurs.
La situation à Duékoué est un exemple flagrant de la fracture qui peut se créer lorsque les choix de la direction ne correspondent pas aux attentes des militants de terrain. Si le PDCI ne parvient pas à résoudre ce conflit interne et à répondre aux attentes de ses bases, il risque de se retrouver dans une situation difficile lors des prochaines élections législatives. La base locale, plus que jamais, semble déterminée à ne pas laisser de place à des décisions imposées d’en haut sans considération pour les efforts fournis sur le terrain.
Charles Kpan