Abidjan, le 26 septembre 2025 (crocinfos.net) – À quelques semaines de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025 en Côte d’Ivoire, Norbert Navarro, ancien rédacteur en chef de Radio France Internationale (RFI) et producteur de l’émission Décrypter l’Afrique, présentée par Théo Kouamouo, a évoqué les résultats d’un sondage attribué à The Messina Group.

Ce sondage, jugé « fictif » par Arnaud Donatien Guéi, diplômé en relations internationales et en gestion des crises, guerres et terrorisme, attribue 38 % des intentions de vote au président sortant Alassane Ouattara et 52 % aux candidats recalés dès le premier tour. Pour l’expert ivoirien basé en Norvège, il s’agit d’« une tentative manifeste de manipulation de l’opinion publique ivoirienne ».

Une méthodologie opaque et invérifiable

Selon Guéi, aucune trace de ce sondage n’apparaît sur le site officiel de The Messina Group ni sur les moteurs de recherche. De plus, aucun détail n’est fourni sur le nombre de personnes interrogées, leur profil ou le terrain d’enquête. « Seul M. Navarro avance ces chiffres oralement, sans preuve tangible », souligne-t-il.

En s’appuyant sur la réputation supposée d’un cabinet international, cette communication chercherait à créer un effet de conformisme (bandwagon effect), incitant certains électeurs à se détourner des candidats retenus pour légitimer indirectement le président sortant.

Le rôle amplificateur des réseaux sociaux

Relayée par des blogueurs et influenceurs, l’information a circulé largement en ligne, sans aucune vérification préalable. Cette diffusion virale contribue, selon l’expert, à installer une illusion de désunion au sein de l’opposition et à fragiliser la mobilisation des électeurs.

Crédibilité déjà contestée de The Messina Group

Guéi rappelle également qu’en 2024, lors de l’élection présidentielle américaine, le PDG du cabinet, Jim Messina, avait prédit la victoire de Kamala Harris face à Donald Trump. Le résultat contraire avait entaché la fiabilité de leurs prévisions.

Un risque pour le processus démocratique

Pour l’expert, ce cas illustre comment un sondage imaginaire peut devenir un instrument de propagande électorale. « Ce procédé met en danger la qualité du débat démocratique et la confiance des citoyens », alerte-t-il.

En conclusion, Arnaud Donatien Guéi appelle les Ivoiriens à faire preuve de vigilance face à la désinformation et à se mobiliser massivement le 25 octobre prochain pour défendre une démocratie fondée sur des informations fiables, transparentes et pluralistes.

Le Pharisien