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[Lutte contre le blanchiment] La Côte d’Ivoire reste sur la liste grise du GAFI malgré les progrès régionaux

[Lutte contre le blanchiment] La Côte d’Ivoire reste sur la liste grise du GAFI malgré les progrès régionaux

Une des rencontres lors de la la lutte contre le blanchiment d’argent

La Côte d’Ivoire reste sur la liste grise du GAFI malgré le retrait de quatre pays africains. Des efforts supplémentaires sont attendus d’Abidjan.

Abidjan, le 28 octobre 2025 (crocinfos)– La quatrième réunion plénière du Groupe d’action financière (GAFI), qui s’est tenue du 22 au 24 octobre 2025 à Paris sous la présidence de la Mexicaine Elisa de Anda Madrazo, a marqué un tournant dans la lutte mondiale contre les flux financiers illictes. À l’issue de cette session, quatre pays africains — le Burkina Faso, le Mozambique, le Nigéria et l’Afrique du Sud — ont été retirés de la liste des juridictions placées sous surveillance accrue. La Côte d’Ivoire, en revanche, y demeure, confirmant ainsi sa présence parmi les vingt et une nations toujours inscrites sur cette « liste grise ».

Réunissant les représentants de plus de 200 juridictions et observateurs internationaux, la plénière du GAFI a réaffirmé sa détermination à « priver les criminels de leurs gains illicites ». Cette session a également permis l’adoption des premiers rapports d’évaluation mutuelle du nouveau cycle, concernant la Belgique et la Malaisie, deux pays membres soumis à des critères plus rigoureux et à une approche axée sur les résultats concrets dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

Le GAFI a profité de cette tribune pour annoncer de nouvelles lignes directrices sur le recouvrement des avoirs criminels et la coopération transfrontalière, afin de renforcer les capacités des États dans la traque des capitaux illicites. L’organisation a également publié un rapport de veille stratégique portant sur les risques émergents liés à l’intelligence artificielle et aux hypertrucages (deepfakes), considérés comme de nouvelles menaces pour la sécurité financière mondiale.


La Côte d'Ivoire sous surveillance

Placée sur la liste grise depuis février 2025, la Côte d’Ivoire figure aux côtés de pays comme le Cameroun, le Mali, le Liban, le Venezuela ou encore la République démocratique du Congo. Cette classification signifie que le pays s’est engagé à mettre en œuvre un plan d’action correctif afin de combler les faiblesses stratégiques relevées par le GAFI dans son système de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Selon les critères du GAFI, une juridiction sous surveillance « travaille activement avec le Groupe pour remédier aux défaillances stratégiques dans les délais convenus ». Autrement dit, la Côte d’Ivoire n’est pas considérée comme un pays à haut risque, mais elle reste sous observation tant que les réformes requises — notamment le renforcement des contrôles bancaires, la coopération judiciaire internationale et la traçabilité des flux financiers — ne sont pas entièrement mises en œuvre.


Des voisins ouest-africains récompensés pour leurs progrès

Le retrait du Burkina Faso, du Mozambique, du Nigéria et de l’Afrique du Sud de la liste grise constitue une victoire symbolique pour le continent africain. Ces pays ont, selon le GAFI, achevé leurs plans d’action dans les délais impartis et démontré une amélioration significative de leur cadre institutionnel et réglementaire.

« Les visites sur place ont confirmé les progrès notables réalisés par ces juridictions pour combler leurs lacunes en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme », souligne le communiqué final du GAFI.

Ce contraste entre la situation de la Côte d’Ivoire et celle de ses voisins illustre la nécessité pour Abidjan de poursuivre et d’accélérer ses efforts afin de rejoindre le cercle des pays retirés de la liste grise.


Une marge de progression pour Abidjan

Les experts estiment que la Côte d’Ivoire dispose déjà d’un cadre juridique relativement solide, renforcé par la création de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) et par la ratification de plusieurs instruments internationaux. Toutefois, la mise en œuvre effective de certaines mesures reste perfectible, notamment en ce qui concerne la coordination interinstitutionnelle et la formation des acteurs financiers.

Les autorités ivoiriennes devraient donc intensifier la coopération avec les partenaires du GAFI et les institutions régionales, comme le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment en Afrique de l’Ouest (GIABA), afin d’obtenir, à moyen terme, le retrait du pays de la liste grise.

Si la Côte d’Ivoire demeure sous surveillance renforcée, elle dispose encore d’une fenêtre d’opportunité pour démontrer la solidité de son engagement contre les flux financiers illicites. La dynamique actuelle au sein du GAFI montre que la sortie de la liste grise est possible dès lors que les réformes sont appliquées avec rigueur et transparence.


Sériba Koné