La lecture de la déclaration par le président Simon Doho. Ph. Kouassi Paul
À quatre mois de la présidentielle, le PDCI-RDA sonne l’alarme : en boycottant la clôture de la session parlementaire, le parti dénonce le refus de dialogue du pouvoir et prévient d’un risque d’implosion nationale.
Abidjan, 30 juin 2025 (Crocinfos.net) – L’Assemblée nationale a refermé ce lundi les portes de sa première session ordinaire de l’année 2025, dans un climat de tension politique palpable. Les bancs du groupe parlementaire PDCI-RDA sont restés vides. Par ce boycott, le plus vieux parti ivoirien entendait exprimer son « indignation face au mépris et à l’indifférence du pouvoir » qu’il accuse de refuser tout dialogue politique inclusif en amont du scrutin présidentiel prévu dans quatre mois.
Dans une déclaration transmise à la presse, le groupe parlementaire PDCI-RDA conduit par le président Simon Doho rappelle le lourd tribut payé par la Côte d’Ivoire aux exclusions politiques. « Sous prétexte d’exclure des candidats, certains Ivoiriens ont pris les armes contre d’autres, causant plus de 3 000 morts », note-t-il, évoquant un passé encore douloureux. Les députés rappellent également que le Président Alassane Ouattara s’était engagé à bannir toute exclusion lors des présidentielles à venir.
Pourtant, constatent-ils, « le pouvoir actuel oppose un refus catégorique » aux appels au dialogue politique et à la réforme institutionnelle lancés par les partis et la société civile. Ils réclament notamment :
Une réforme urgente et inclusive de la Commission électorale indépendante (CEI), avec la participation de tous les acteurs politiques, de la société civile et de garants internationaux ;
La révision de la liste électorale de 2025, conformément à l’article 6 du Code électoral ;
La réinscription sur la liste électorale des leaders politiques radiés, parmi lesquels Cheick Tidjane Thiam (PDCI-RDA), Laurent Gbagbo (PPA-CI), Charles Blé Goudé (COJEP) et l’ex-Premier ministre Guillaume Soro ;
L’audit complet du fichier électoral ;
La mise en place d’un mécanisme indépendant d’observation électorale pour garantir la transparence du processus.
Outre ces revendications, le PDCI-RDA dénonce un climat « d’intimidation généralisée » marqué par des tentatives d’enlèvements, ainsi que l’arrestation d’acteurs politiques pour leurs opinions, citant Innocent Yao, président de la J-PDCI rurale, le jeune communicateur Macron 1er, et Joël N’Guessan, ancien ministre des Droits de l’Homme.
Le groupe parlementaire fustige enfin la CEI qu’il accuse d’avoir outrepassé ses prérogatives, en imposant l’inscription préalable des candidats sur une liste électorale encore provisoire avant tout parrainage, alors même que seul le Conseil constitutionnel est habilité à statuer sur de telles questions.
« À quatre mois de l’élection présidentielle, aucune lueur d’espoir pour un dialogue inclusif ne se profile à l’horizon », s’inquiète le PDCI-RDA, qui craint un risque grandissant d’implosion nationale et de déstabilisation sous-régionale.
Face à cette situation qu’il qualifie d’« urgence nationale », le groupe parlementaire appelle la communauté nationale et internationale à accompagner la Côte d’Ivoire sur la voie du dialogue, tout en enjoignant le président de la République à prendre « des décisions urgentes pour une paix durable ».
Charles Kpan