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[Exfiltration d’Andry Rajoelina] La France pointée du doigt pour son soutien aux régimes autoritaires en Afrique

[Exfiltration d’Andry Rajoelina] La France pointée du doigt pour son soutien aux régimes autoritaires en Afrique

Andry Rajoelina lâché par son armée sous la pression du peuple

L’exfiltration du président malgache Andry Rajoelina par un avion militaire français alimente les accusations d’ingérence et de soutien de Paris aux régimes autoritaires africains.

Abidjan, 14 octobre 2025 (crocinfos) – Le président malgache Andry Rajoelina aurait été exfiltré dimanche par un avion militaire français, selon lapatrienews.dz et plusieurs médias régionaux. Une opération autorisée, d’après les mêmes sources, par le président Emmanuel Macron lui-même. L’épisode, perçu comme une ingérence flagrante dans les affaires internes d’un État souverain, relance les accusations sur le rôle ambigu de la France dans le maintien de dirigeants autoritaires sur le continent africain.

Selon les informations publiées, un hélicoptère aurait transporté le président malgache sur l’île Sainte-Marie, au large de la côte est, avant qu’il n’embarque avec sa famille à bord d’un avion militaire français à destination de La Réunion. De là, il aurait pris la direction de Dubaï, sa destination probable, selon des sources relayées par RFI.

Paris justifie cette évacuation par la nécessité d’éviter un bain de sang et de « faciliter une transition pacifique ». Toutefois, l’armée française, via le commandement des forces de la zone sud de l’océan Indien, a fermement nié toute intention d’intervention militaire sur la Grande Île. « Il n’y aura pas d’opérations françaises à Madagascar », assurent des responsables militaires.

Mais pour de nombreux observateurs, l’exfiltration d’un président contesté à l’aide de moyens militaires français illustre une constante : le soutien tacite de Paris à certains dirigeants africains jugés autoritaires, tant qu’ils garantissent des intérêts stratégiques ou économiques. « La France ne tire pas les ficelles publiquement, mais agit dès que l’un de ses protégés vacille », commente un universitaire malgache joint à Antananarivo.

Dimanche soir pourtant, plusieurs proches d’Andry Rajoelina affirmaient que le président se trouvait toujours dans un bunker de la capitale. La Présidence annonçait même sur sa page Facebook un discours à la Nation prévu à 19h, discours qui n’a finalement jamais eu lieu. Depuis, le silence radio est total.

Pendant ce temps, la situation politique à Antananarivo évolue rapidement. Le lundi matin, le général Nonos Mbina Mamelison, ancien chef du FIGN – l’unité d’intervention de la gendarmerie – a été confirmé dans ses fonctions de nouveau commandant de la gendarmerie nationale, après s’être rallié au mouvement de protestation.

Cette recomposition du pouvoir militaire intervient dans un climat de défiance envers la France, accusée d’avoir encore une fois protégé un dirigeant contesté face à la colère populaire. À Madagascar, comme ailleurs sur le continent, cette opération réveille un vieux sentiment : celui d’une indépendance encore sous tutelle.


Charles Kpan à Abidjan