Abidjan, 4 avril 2025 (crocinfos.net)---Assy Duggary Ghislain, chargé de la communication du Mouvement des enseignants pour la dynamique de la dignité (MEDD), ainsi que Régional adjoint 1 de la DRENA 4 et secrétaire général de l'IEPP Anonkoua-Kouté, a été enlevé à son domicile par des individus armés, dans la nuit du 2 avril 2025, aux alentours de 1h du matin. Selon les témoignages des proches de la victime, ces hommes se sont présentés comme des policiers et ont fait irruption dans sa chambre conjugale, brisant la porte, avant de l'emmener sous la contrainte.

La scène a été largement diffusée sur les réseaux sociaux. Elle montre une fillette d’environ neuf ans, manifestement sous le choc. La petite, au bord des larmes, raconte avec une grande précision les circonstances de l’enlèvement, et décrit l’agression violente avec laquelle les individus ont brisé la porte pour enlever son père. Les auteurs de cet acte, en cagoules et armés, n’ont présenté aucune autorisation légale pour justifier leur intervention. Où sont passés le respect des procédures judiciaires et des droits fondamentaux ?

À sa résidence, c’est l'image d'un lieu empreint de tristesse : la famille, dévastée, semble marquée par un profond sentiment d’impuissance.

Quelques heures après l'incident, des syndicalistes, en quête de réponses, se sont rendus à la préfecture de police et à la résidence d’Assy Duggary. Ils n’ont pas eu de traces de leur camarade. À sa résidence, c’est l'image d'un lieu empreint de tristesse : la famille, dévastée, semble marquée par un profond sentiment d’impuissance. Dans une vidéo poignante, l’épouse de Duggary, la gorge nouée, et une autre femme, probablement sa mère, étaient aperçues en état de choc. La scène dépeint un désarroi indicible : l'émotion suscitée par cet enlèvement se vivait sur tous les visages.

Le député Antoine Assalé Tiémoko, solidaire du syndicaliste enlevé, a exprimé son soutien à la famille et à la cause de M. Duggary, tout en promettant de se prononcer une fois le communiqué officiel du procureur connu. En attendant, il adresse un message de force et de solidarité à son camarade, soulignant les risques encourus par ceux qui militent en faveur des droits des travailleurs dans un contexte politique tendu.

De son côté, Mariatou Koné, ministre de l'Éducation nationale et de l'alphabétisation, avait réagi en qualifiant la grève des enseignants, dont Assy Duggary était un fervent défenseur, d’illégale. Elle a même évoqué une potentielle tentative de déstabilisation, tout en insistant sur la nécessité de préserver un environnement scolaire serein. Cette déclaration s’inscrit dans un climat déjà tendu au sein du secteur éducatif, où le dialogue social semble de plus en plus difficile.

Climat de tension et de suspicion de plus en plus pesant

Le ministère de la Fonction publique, par l’intermédiaire de sa ministre d’État, Anne Ouloto, a également fait parler de lui suite à sa décision, l’année précédente, de mettre à la retraite un des principaux porte-paroles des syndicats IS-MENA et IS-METFPA. Ce dernier, désormais secrétaire général national du SAEPP-CI, a été vu publiquement aux côtés de ceux qui se désolidarisaient de la grève des 3 et 4 avril.

Les événements récents, dans un contexte politique où les élections présidentielles d’octobre 2025 s’annoncent déjà chargées, augurent d’une période particulièrement incertaine pour la Côte d'Ivoire. Le climat de tension et de suspicion se fait de plus en plus pesant, et les signes avant-coureurs de possibles troubles politiques s’intensifient.

Les événements récents, dans un contexte politique où les élections présidentielles d’octobre 2025 s’annoncent déjà chargées, augurent d’une période particulièrement incertaine pour la Côte d’Ivoire.

L'intersyndicale du ministère de l'Éducation nationale et de l'Alphabétisation (S-MENA) et du ministère de l'Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l'Apprentissage (IS-METFPA) a appelé  à un arrêt de travail reconductible du jeudi 3  avril 2025 à 7h30 au vendredi 4 avril 2025 à 18h, afin de revendiquer :

-L'octroi d'une prime d'incitation pour les personnels du secteur Éducation-Formation

-Le respect de la liberté syndicale et des droits syndicaux.

Les syndicalistes ont invités leurs membres à ne pas exécuter leurs tâches habituelles, à sensibiliser leurs collègues à l'importance de cette action, à résister aux pressions et à se coordonner avec les responsables locaux, en ne suivant que les directives du Directoire de S-MENA/IS-METFPA. «La mobilisation est présentée comme essentielle pour l’avenir des professionnels de l'éducation et des générations futures », soutiennent-ils.

Les autorités compétentes, telles que le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), le ministère de l'Intérieur et celui de la Justice, sont désormais appelées à clarifier cette affaire et à rétablir l'ordre dans ce contexte de plus en plus troublé.

Seriba Koné