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[Côte d’Ivoire - Présidentielle 2025] Prévenir l’exclusion, éviter la violence (Analyse)

[Côte d’Ivoire - Présidentielle 2025] Prévenir l’exclusion, éviter la violence (Analyse)

Jean Sansan Kambilé, Ministre de la Justice et Garde des sceaux. Arichives.jpg

À quatre mois de la présidentielle, la Côte d’Ivoire vacille entre mémoire des conflits passés et risques de violences. Jean Sansan Kambilé appelle à une élection inclusive pour préserver la paix et la stabilité.

Abidjan, 26 juin 2025 (crocinfos.net)---À quatre mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025, la Côte d’Ivoire se trouve à un carrefour critique. Les souvenirs des crises passées, notamment celle de 2010-2011, restent douloureusement vivants dans la mémoire collective. Dans ce contexte tendu, les propos du ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Jean Sansan Kambilé, tenus lors d’un entretien avec Info7, résonnent comme une alerte lucide mais aussi une feuille de route pour éviter que le pays ne replonge dans la violence.

La première idée forte de son intervention repose sur le principe démocratique fondamental : la participation inclusive. « Il faut permettre au maximum de personnes de se présenter », rappelle-t-il. Cette déclaration, qui pourrait sembler évidente dans une démocratie apaisée, prend ici une dimension stratégique et préventive. Car l’histoire ivoirienne récente a prouvé qu’exclure des acteurs politiques majeurs du jeu électoral, pour des raisons souvent perçues comme judiciaires ou administratives, nourrit la frustration, polarise la société et ouvre la voie aux affrontements.

Lire la séquence vidéo👉: https://youtu.be/-f6EFNBgJTc

Cette exclusion peut revêtir plusieurs formes : invalidation de candidatures, procédures judiciaires sélectives, parrainage citoyen contesté, ou encore manipulation des textes législatifs pour barrer la route à certains profils politiques. Ces pratiques, qu’elles soient réelles ou perçues comme telles, sapent la confiance des citoyens dans les institutions. Le ministre Kambilé le souligne : « La stabilité d’un pays commence par le rejet de l’exclusion. » Autrement dit, il ne peut y avoir de paix durable sans justice équitable et sans ouverture du champ politique à toutes les sensibilités.

L’histoire ivoirienne récente a prouvé qu’exclure des acteurs politiques majeurs du jeu électoral, pour des raisons souvent perçues comme judiciaires ou administratives, nourrit la frustration, polarise la société et ouvre la voie aux affrontements.

Ensuite, il met en garde contre une autre source de tension : la politisation des commissions électorales. Quand ces instances deviennent l’extension d’un pouvoir exécutif ou d’un camp politique, leur légitimité s’effondre. Or, dans un pays où les élections sont souvent contestées, l’indépendance de la Commission électorale indépendante (CEI) est une condition sine qua non pour garantir une compétition loyale. Kambilé dénonce un système dans lequel ces structures sont « institutionnalisées » au sens négatif du terme, c’est-à-dire ancrées dans une logique partisane, loin de leur mission de neutralité.

Enfin, son appel à tirer les leçons du passé résonne comme un cri du cœur. Il invite à ne pas oublier la guerre civile, la désolation et les milliers de vies perdues. Le devoir de mémoire est ici mis au service d’une sagesse politique : éviter les erreurs d’hier pour préserver l’avenir.

En somme, cette analyse invite à un sursaut collectif : garantir l’inclusivité politique, rendre la CEI réellement indépendante, et mettre la réconciliation au cœur du processus électoral. Ce sont là les piliers qui peuvent prévenir une nouvelle spirale de violence. À quatre mois de l’échéance, il n’est pas trop tard pour poser ces actes de responsabilité.


Sériba Koné