Vincent To Bi Irié (à gauche) et Antoine Assalé Tiémoko (à Droite) signent l’Alliance pour la justice, la nation et l'alternance (Ajuna).jpg
À quatre mois de la présidentielle ivoirienne, Assalé Tiémoko et Vincent Toh Bi ont scellé une alliance politique baptisée AJUNA pour incarner une alternative crédible et dénoncer le système actuel de parrainage électoral.
Abidjan, 26 juin 2025 (crocinfos.net) – Dans une salle comble de l’hôtel Sofitel Ivoire, à Cocody, le député Assalé Tiémoko Antoine et l’ancien préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié, ont tenu ce jeudi une conférence de presse conjointe pour annoncer la création officielle de leur coalition politique : l’Alliance pour la Justice, la Nation et l’Alternance (AJUNA).
Cette initiative politique, à quelques mois de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025, vise à offrir une alternative crédible à la gouvernance actuelle, en prônant l’unité, la justice et la démocratie.
Devant de nombreux journalistes, observateurs et sympathisants, les deux hommes ont réaffirmé leur volonté de conjuguer leurs efforts. « La prochaine étape, c’est de travailler sur les questions les plus essentielles », a déclaré Assalé Tiémoko. Parmi les sujets évoqués figurent les conditions du parrainage, l’environnement électoral, ainsi que la crise de confiance persistante entre les acteurs politiques et les institutions chargées de l’organisation du scrutin.
S’agissant d’une éventuelle candidature unique issue de l’alliance, l’élu de Tiassalé n’a pas écarté l’idée. « Une fois que nous aurons franchi l’étape du parrainage et déposé nos candidatures, nous pourrons envisager une convention, en fonction de l’évolution de la situation dans le pays », a-t-il précisé.
Prenant la parole sur le même sujet, Vincent Toh Bi s’est montré plus tranchant. Il a critiqué ouvertement le système de parrainage citoyen, désormais exigé pour valider une candidature à la magistrature suprême. « Le parrainage n’existait pas quand le RHDP a accédé au pouvoir. Pourquoi le rendre obligatoire aujourd’hui, si ce n’est pour barrer la route aux autres ? », a-t-il dénoncé.
L’ancien préfet a aussi pointé du doigt un climat de mépris à l’égard des préoccupations techniques formulées par les candidats et la société civile. « J’ai posé une question sur les réseaux sociaux à l’institution en charge des élections. Au lieu de recevoir une réponse officielle, ce sont des cyberactivistes et des journalistes autoproclamés experts en tout qui ont réagi. »
Dans un ton ferme, il a interpellé directement la Commission électorale indépendante (CEI) : « Qu’elle vienne dans une salle, devant la presse, et qu’elle nous montre comment fonctionne ce parrainage. Le peuple doit juger. »
Vincent Toh Bi a par ailleurs mis en garde contre les dérives sécuritaires du système en vigueur. Selon lui, le parrainage porte atteinte au principe fondamental du vote secret : « Il n’y a aucun pays où le vote est public. Ce que ce système de parrainage permet, c’est de savoir qui soutient qui. Et en cas de tensions, ces personnes risquent des représailles. »
Le lancement d’AJUNA marque ainsi une étape importante dans la reconfiguration de l’opposition ivoirienne, longtemps morcelée. Portée par deux figures à forte notoriété, l’alliance entend se positionner comme un acteur majeur du scrutin à venir. À quatre mois de l’échéance électorale, cette union politique pourrait bien bouleverser un paysage longtemps dominé par les poids lourds traditionnels.
Athanase Kangah