Assalé Tiémoko Antoine
Assalé Tiémoko Antoine dénonce l’opacité du parrainage citoyen en Côte d’Ivoire, pointant des disparitions inexpliquées de parrainages et appelant à une réforme ou à sa suppression pour garantir transparence, justice électorale et confiance démocratique durable.
-Supprimer ou réformer le parrainage
Une remise en cause du mécanisme de parrainage citoyen s’impose, affirme Assalé Tiémoko Antoine, président de l’ADCI, estimant que ce dispositif, loin de renforcer la démocratie, porte en germe des pratiques d’élimination politique opaques. Dans une tribune adressée à l’opinion, il appelle à la suppression ou, à défaut, à une réforme profonde et immédiate du système.
Selon l’élu, la justice et les décisions administratives ne peuvent servir la société que si elles sont exemptes de toute suspicion. « La justice se doit d’être transparente, irréprochable, afin de préserver la confiance et la légitimité », écrit-il, rappelant que priver un citoyen de son rêve, de sa vie publique ou de sa carrière politique exige une procédure d’une clarté totale. Le parrainage citoyen, conçu initialement pour garantir l’ancrage national d’un candidat à la présidentielle, a, dans les faits, montré qu’il pouvait se transformer en un instrument d’élimination des candidatures gênantes, estime-t-il.
L’argument principal avancé par le président de l’ADCI repose sur des écarts chiffrés jugés inexplicables. Il rappelle avoir déposé 41 906 parrainages, consignés dans un procès-verbal. Le Conseil constitutionnel, poursuit-il, n’en a finalement validé que 33 727, justifiant les annulations par des « faux numéros de CNI » ou des « doublons ». Reste, selon lui, un manque d’explication sur la disparition de 8 179 parrainages : « Où sont passés ces 8 179 parrainages ? Nous n’obtiendrons probablement jamais de réponse à cette question et ce n'est pas juste », tonne-t-il.
Face à ce qu’il qualifie d’« opacité », l’élu annonce son intention de déposer, lors de l’ouverture de la prochaine session parlementaire en octobre, une proposition de loi visant à introduire le principe du contradictoire dans le processus de vérification des parrainages. Cette réforme permettrait, dit-il, au candidat ou à son représentant légal d’être présent au Conseil constitutionnel durant les vérifications techniques, afin d’éviter toute décision unilatérale et incomprise. « Nous ne pouvons pas effacer le sacrifice de chaque citoyen, ni décider de son destin politique, en un seul clic », écrit-il.
Conscient de la résistance politique probable à son initiative — « comme toutes celles que j’ai déposées depuis 2022, [cette proposition] aura probablement le même sort : l’oubli ou le rejet » — il affirme vouloir la déposer néanmoins, « pour l’histoire, pour l’intégrité de notre système démocratique ». À défaut d’avancée au plan national, il se dit prêt à saisir la Cour de Justice de la CEDEAO pour demander la suppression du parrainage, citant l’exemple du Sénégal où des acteurs politiques et de la société civile ont obtenu l’annulation du mécanisme devant cette juridiction.
Assalé Tiémoko Antoine alerte enfin sur les risques d’un système maintenu en l’état : « Nous ne pouvons pas en 2030 confier encore notre avenir à un processus aussi flou et incertain. La transparence est la seule voie pour garantir une démocratie saine et respectée. » Il fustige ceux qui se réjouissent de l’élimination de candidats par ce biais, répondant par une citation forte de Valentin Feldman : « Imbéciles, c'est pour vous que je meurs. »
Par cette prise de position, l’élu pose la question de la fiabilité des instruments de filtrage démocratique et interroge la capacité des institutions à rendre compte de leurs actes. Sa tribune, volontiers combative, vise à relancer le débat public sur les garanties procédurales entourant l’éligibilité présidentielle, et à exiger des réformes susceptibles de restaurer la confiance des citoyens dans le processus électoral.
Charles Kpan