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À Noisy-le-Sec, l’investiture de Serge Loba à la tête de la Fédération du Grand Loh Djiboua – France a résonné comme un acte fondateur, posant les bases d’un projet stratégique pour la diaspora.
Noisy-le-Sec, samedi 28 juin 2025. La salle Oasis, située dans la zone d’activités de la Madeleine, a vibré jusqu’à l’aube au rythme d’un événement hautement symbolique : l’investiture du président Serge Loba à la tête de la Fédération du Grand Loh Djiboua – France. Plus qu’une simple cérémonie protocolaire, cette soirée de gala fut un manifeste collectif, un acte fondateur qui pose les jalons d’un projet fédérateur à l’échelle de la diaspora ivoirienne.
Dès 20h, les invités – issus d’associations, de communautés ivoiriennes, d’autorités coutumières, religieuses et consulaires – ont afflué dans une atmosphère empreinte de chaleur, de retrouvailles et d’attentes. La scène, richement décorée de symboles culturels du Grand Loh Djiboua, accueillait successivement des artistes de renom, des représentants associatifs, ainsi que les officiels chargés de la libation traditionnelle – geste hautement significatif, consistant à confier l’organisation et ses ambitions aux ancêtres, pour la protection et la bénédiction de leurs actions à venir.
Mais le point culminant de la soirée fut sans conteste le discours d’investiture de Serge Loba, nouveau président de la Fédération du Grand Loh Djiboua – France. Devant un public attentif et ému, il a livré une allocution à la fois personnelle, politique et visionnaire, dressant une ligne directrice ambitieuse pour l’avenir de la diaspora issue de cette région de Côte d’Ivoire.
« Ce que nous construisons aujourd’hui ici, ce n’est pas une association de puissance, c’est une institution dynamique, vivante, un outil stratégique de développement », a déclaré M. Loba, d’un ton solennel, ancrant d’entrée le projet dans une dimension structurelle. Pour lui, la Fédération n’a pas vocation à être un groupement de circonstance, mais un acteur à part entière du développement économique, culturel et social du Grand Loh Djiboua – à la fois en France et sur le continent.
L’intervention du président fraîchement investi s’est articulée autour de trois piliers majeurs, présentés comme les fondations du projet fédératif.
D’abord, l’économie. Selon M. Loba, l’indépendance financière est un prérequis non négociable pour bâtir l’autonomie réelle de la diaspora. Il a ainsi annoncé la volonté de mettre en place un fonds d’investissement du Grand Loh Djiboua, destiné à financer les projets associatifs, entrepreneuriaux et communautaires. « Aucun développement n’est possible sans indépendance économique », a-t-il martelé, provoquant une salve d’applaudissements dans la salle.
Ensuite, la culture, élément rassembleur par excellence. Il s’agit ici de préserver et de valoriser le patrimoine du Loh Djiboua : ses langues, ses danses, ses traditions, ses artisans et ses artistes. La culture devient ainsi un levier diplomatique et économique, un pont entre générations et un outil d’influence douce pour exister dans les dynamiques nationales et internationales.
Enfin, le troisième pilier : le social. Dans une démarche solidaire, Serge Loba souhaite que personne ne soit laissé de côté. « Un peuple fort est un peuple solidaire », a-t-il rappelé, appelant à renforcer les liens humains, à travers des mécanismes d’entraide, de soutien et de proximité entre les membres de la diaspora.
Ce 28 juin, à travers cette cérémonie, ce sont les contours d’un nouveau leadership communautaire qui se sont dessinés. La Fédération entend fédérer toutes les associations du Grand Loh Djiboua – qu’elles soient en France, au Canada, aux États-Unis, en Italie, au Maroc ou ailleurs – pour former une force collective organisée, capable de peser dans les débats publics et les initiatives de développement ici et là-bas.
« Nous ne voulons pas être des spectateurs. Nous voulons bâtir, poser, impartir », a affirmé M. Loba. Il a également souligné que les ressources et les compétences de la diaspora sont nombreuses mais encore trop dispersées. D’où l’importance, selon lui, de structurer un réseau fort, visible et connecté.
Son discours s’est achevé sur une série de remerciements et d’invocations en langue traditionnelle, ponctués par un appel vibrant à l’unité :
« Comme le dit un proverbe Dida, ‘Une seule tête ne peut protéger toute l’intelligence’. C’est pourquoi je vous demande que nous nous mettions ensemble. L’union fait la force. »
Si cette investiture marque un moment solennel, elle symbolise aussi le passage à l’action pour toute une communauté. En réunissant des dizaines d’associations, des personnalités issues de divers horizons, des artistes engagés et un public multigénérationnel, le gala du 28 juin a démontré que le Grand Loh Djiboua de la diaspora est bien vivant et qu’il est désormais en ordre de marche.
À l’heure où les diasporas jouent un rôle stratégique dans les dynamiques africaines (investissements, transferts de compétences, diplomatie parallèle), la structuration d’une telle fédération marque une étape décisive. L’initiative portée par Serge Loba pourrait bien devenir un modèle reproductible pour d’autres communautés en quête de cohésion, de visibilité et d’impact.
K.M. Kouassi