M. Simon Doho. Ph. Archives
À quelques jours de l’ouverture de la campagne cacao 2025-2026, le groupe parlementaire du PDCI-RDA exige un prix bord-champ minimum de 3 200 FCFA/kg, invoquant la loi, la justice sociale et la stabilité nationale.
Abidjan, 1er octobre 2025 (crocinfos.net) – À l’approche de l’ouverture officielle de la campagne cacao 2025-2026, le groupe parlementaire du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) a exigé, mardi, que le prix bord-champ soit fixé à un minimum de 3 200 FCFA par kilogramme. Dans une déclaration rendue publique par son président, Simon Doho, la formation politique a dénoncé une « spoliation » persistante des producteurs, tout en rappelant l’engagement légal du gouvernement à garantir aux planteurs au moins 60 % du prix CAF (coût, assurance, fret).
Selon le PDCI, le prix actuellement en vigueur de 2 200 FCFA/kg, en décalage avec les cours mondiaux et les préventes du Conseil Café-Cacao, constitue une violation manifeste de la réforme de 2012, qui avait promis aux planteurs une rémunération plus juste et transparente. « Le refus de relever le prix à la hauteur des réalités internationales équivaut à trahir les producteurs et à hypothéquer la stabilité économique et sociale du pays », a affirmé le groupe parlementaire.
Une revendication fondée sur la loi et sur le marché
Le PDCI-RDA estime qu’au vu des préventes conclues à des niveaux historiquement élevés et de l’ajout du Différentiel de Revenu Décent (DRD), une stricte application de la règle des 60 % impose mécaniquement un prix producteur oscillant entre 2 800 et 3 300 FCFA/kg. En conséquence, le groupe juge « légitime et incontournable » la fixation du prix bord-champ à un minimum de 3 200 FCFA/kg pour la campagne principale 2025-2026.
« Il ne s’agit ni d’une faveur électorale, ni d’une concession politique, mais d’une obligation légale, économique et sociale », a insisté Simon Doho, exhortant le gouvernement à agir « avec bienveillance » pour répondre aux attentes des millions de familles rurales dépendantes de la cacaoculture.
Des conséquences économiques et sociales dénoncées
Dans son texte, le groupe parlementaire a dressé une liste des effets néfastes du maintien du prix à 2 200 FCFA/kg : l’appauvrissement accéléré des ménages ruraux, la contrebande massive du cacao vers les pays voisins, la perte de compétitivité de la production ivoirienne et, surtout, le risque de tensions sociales et politiques à un mois de l’élection présidentielle.
« L’habitude du gouvernement est d’augmenter le prix bord-champ en période électorale, avant de le réduire lors de la campagne intermédiaire. Nous nous attendons à une hausse le 1er octobre, mais nous restons vigilants », a averti le PDCI.
Prélèvements excessifs et crise de représentativité
Le parti a également mis en cause la multiplication des prélèvements dans les filières agricoles, au-delà du cacao, citant l’hévéa, le palmier à huile et l’anacarde. Selon lui, ces charges compromettent la rémunération des producteurs et aggravent la précarité dans les zones rurales.
Par ailleurs, la mise en place du Collège des producteurs est jugée « discréditée » par le groupe parlementaire, qui accuse les autorités d’avoir privilégié des représentants « parachutés, déconnectés du terrain et sans légitimité ». Une démarche qui, selon le PDCI, prive les planteurs de leur droit à une représentation authentique et trahit l’esprit de la réforme de 2012.
Un appel à la vigilance nationale
Réaffirmant sa détermination à « défendre jusqu’au bout les droits et la dignité des planteurs », le PDCI-RDA a replacé la question du prix du cacao dans une perspective plus large de souveraineté alimentaire, de justice sociale et de stabilité nationale. « À travers ce combat, c’est l’avenir de notre nation qui se joue », a insisté Simon Doho.
Le groupe parlementaire, qui se dit saisi du dossier à l’Assemblée nationale, a appelé l’ensemble des citoyens à rester vigilants et mobilisés. « Le cacao n’est pas seulement une ressource économique : il est la base de millions de vies. Sa juste rémunération est un impératif national », a conclu la déclaration.
Athanase Kangah