Coulibaly-Kuibiert Ibrahime, président de la CEI, s’exprimant à la télévision nationale lors de la première nuit électorale du 25 octobre 2025
Le président de la CEI, Coulibaly-Kuibiert Ibrahime, s’est adressé aux Ivoiriens samedi soir, lors de la première nuit électorale. Il a dressé un bilan globalement satisfaisant du scrutin, marqué par un taux de participation élevé et quelques incidents isolés.
Abidjan, le 25 octobre 2025 (crocinfos)– Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote sur l’ensemble du territoire national, le président de la Commission Électorale Indépendante (CEI), Coulibaly-Kuibiert Ibrahime, s’est exprimé à la télévision nationale, depuis le siège de l’institution, pour dresser un premier bilan du scrutin présidentiel. Dans une intervention solennelle, retransmise sur les principales chaînes nationales et internationales, le président de la CEI a tenu à rassurer les Ivoiriens quant au bon déroulement du vote et à la fiabilité du processus électoral.
D’entrée, il a rappelé que le corps électoral pour ce scrutin comptait 8 727 431 électeurs, répartis sur tout le territoire national et à l’étranger. « Ce sont ces citoyens, dûment inscrits sur la liste électorale révisée, qui étaient appelés à exercer leur devoir civique », a-t-il précisé.
Revenant sur les conditions d’ouverture des bureaux de vote, Coulibaly-Kuibiert a expliqué que, conformément au décret encadrant l’élection, la durée du vote est fixée à dix heures, soit de 8h à 18h. Toutefois, a-t-il ajouté, certains bureaux ont ouvert avec un léger retard, en raison de « circonstances indépendantes de la volonté de la CEI ».
« Quand on prédit l’apocalypse, quand on annonce que la Côte d’Ivoire n’aura pas d’élection, nos agents, qui sont aussi des citoyens, prennent des précautions pour assurer leur sécurité avant de rejoindre leurs bureaux », a-t-il expliqué, justifiant ainsi les décalages observés dans quelques localités.
Le président de la CEI a néanmoins insisté : « Les dix heures de vote ont été respectées partout où cela était possible. Les bureaux ouverts tardivement ont prolongé jusqu’à 18h30 ou 19h afin de permettre à chaque électeur de voter. »
Des incidents limités et vite maîtrisés
Abordant la question des incidents, Coulibaly-Kuibiert a indiqué qu’ils étaient « de trois natures » : violences contre des agents électoraux, destruction de matériel de vote et regroupement de bureaux pour des raisons de sécurité.
« Dans certains cas, des urnes ont été cassées, des documents électoraux détruits. Mais la CEI, forte de son expérience, avait anticipé ces situations en constituant des stocks de remplacement », a-t-il souligné, saluant la promptitude des forces de l’ordre qui ont permis de circonscrire les incidents.
Il a tenu à préciser que ces faits demeuraient marginaux et n’ont pas affecté la sincérité du vote. Dans certaines zones sensibles, la CEI a procédé au regroupement de bureaux de vote, « afin de garantir à chaque citoyen la possibilité d’exprimer sereinement son choix ».
Interrogé sur le taux de participation, Coulibaly-Kuibiert a fait preuve de prudence, tout en se félicitant de la mobilisation observée : « Nous avons déjà plus de 30 % des résultats consolidés, et le taux de participation devrait avoisiner les 50 %. C’est une satisfaction, car les Ivoiriens sont sortis nombreux pour voter. »
Il a par ailleurs rappelé que la CEI avait introduit, depuis 2020, une jurisprudence particulière concernant le calcul du taux de participation : les électeurs empêchés de voter par des incidents ne sont pas comptabilisés dans les inscrits actifs, afin d’obtenir une lecture plus juste des chiffres.
« Il est malhonnête, a-t-il dit, d’empêcher les citoyens de voter et de tirer ensuite des conclusions sur le taux de participation. »
Dans un ton empreint d’émotion, le président de la CEI a évoqué la responsabilité morale de son institution à chaque élection :
« À chaque fois qu’à l’occasion d’un scrutin il y a mort d’homme, même si ce n’est pas directement lié à la CEI, nous le prenons pour notre compte. Nous ne tuons pas, mais nous portons le regret qu’un processus que nous conduisons ait pu affecter la vie d’un citoyen. »
Il a salué la mémoire d’un membre des forces de l’ordre décédé dans la région de l’Agneby-Tiassa, avant d’exprimer sa satisfaction que le scrutin se soit globalement déroulé sans pertes humaines majeures.
« Aujourd’hui, je suis un homme plus ou moins heureux, parce qu’en dehors de ce cas malheureux, nous n’avons pas déploré de morts sur le territoire. Et cela, pour nous, c’est une victoire », a-t-il déclaré.
Vers une proclamation rapide des résultats
Le président de la CEI, Coulibaly-Kuibiert Ibrahime, au micro de la consoeur de France24
Coulibaly-Kuibiert a salué l’engagement des agents électoraux, parfois contraints de faire face à une forte affluence. « L’engouement des électeurs a été tel que nous avons dû recruter des agents supplémentaires, notamment dans la diaspora », a-t-il indiqué.
Il a aussi reconnu quelques lenteurs dans l’utilisation des tablettes électroniques destinées à accélérer les opérations d’identification, mais s’est félicité de la maîtrise logistique de la CEI. « Les équipements ont bien fonctionné. Et grâce à notre dispositif, les résultats nous parviennent déjà à plus de 30 % », a-t-il affirmé.
Abordant la question cruciale de la proclamation des résultats, le président de la CEI a détaillé le processus en quatre étapes : proclamation au niveau du bureau de vote, puis au niveau local, ensuite au siège central de la CEI pour la proclamation nationale provisoire, et enfin, la proclamation définitive par le Conseil constitutionnel.
« La loi nous donne cinq jours pour proclamer les résultats provisoires, mais nous savons que les Ivoiriens veulent savoir rapidement », a-t-il reconnu, avant d’annoncer que la CEI s’efforcera de rendre les premiers résultats au plus tard lundi, voire dès dimanche soir.
Pour conclure, Coulibaly-Kuibiert Ibrahime a remercié les électeurs, les forces de sécurité et les partenaires techniques et financiers pour leur contribution à la réussite du scrutin. « La CEI reste au service du peuple ivoirien. Notre mission n’est pas politique, elle est républicaine », a-t-il insisté.
Dans une Côte d’Ivoire encore marquée par le souvenir de crises électorales passées, le président de la CEI a voulu donner le ton d’une institution responsable et rassurante :
« Les Ivoiriens sont sortis, ils ont voté dans le calme et la dignité. Cela montre que notre pays avance vers une maturité démocratique. »
La première nuit électorale de 2025 s’est donc achevée sur une note d’apaisement et d’espoir, marquant une étape décisive dans le processus électoral ivoirien.
Charles Kpan