Chantal Camara Nanaba, présidente du Conseil constitutionnel
Le Conseil constitutionnel a validé cinq candidatures sur soixante pour la présidentielle d’octobre 2025 en Côte d’Ivoire, confirmant la présence d’Alassane Ouattara, Simone Gbagbo et trois autres figures politiques.
Abidjan, 8 août 2025 (crocinfos.net)– Le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire a tranché. Au terme d’un examen rigoureux des dossiers transmis par la Commission électorale indépendante (CEI), l’institution présidée par la magistrate Chantal Camara Nanaba a validé, lundi à Abidjan, la participation de cinq personnalités à l’élection présidentielle prévue en octobre 2025.
Sur les soixante candidatures déposées, cinquante-cinq ont été rejetées pour non-conformité aux dispositions légales et constitutionnelles. Ne restent en lice que
1-Simone Ehivet Gbagbo, ancienne première dame,
2-Jean-Louis Eugène Billon, homme d’affaires et député,
3-Lagou Adjoua Henriette, ancienne ministre,
4-Alassane Ouattara, président sortant, et
5-Don Melo Senin Ahoua Jaco, économiste et ancien ministre.
Une décision attendue et scrutée
L’annonce, faite solennellement au siège du Conseil constitutionnel, suscite déjà de vives réactions dans la classe politique et au sein de l’opinion publique. La présidente de l’institution, Chantal Camara Nanaba, 71 ans, première femme à occuper cette fonction en Côte d’Ivoire, a souligné que « les candidatures retenues l’ont été au terme d’un examen strict des critères d’éligibilité ».
Cette étape constitue un tournant majeur dans le processus électoral. Elle ouvre la voie à une campagne qui s’annonce particulièrement disputée, avec un duel attendu entre le président sortant Alassane Ouattara, en quête d’un nouveau mandat, et des figures d’opposition qui entendent incarner l’alternance.
Une « candidature de résistance »
La candidature de Simone Ehivet Gbagbo marque un fait politique notable. Ancienne première dame et ancienne députée, elle revient sur le devant de la scène après une décennie marquée par la crise post-électorale de 2010-2011 et son procès. Sa présence est perçue comme une tentative de réhabiliter le courant politique issu du Front populaire ivoirien (FPI), longtemps marginalisé depuis la chute de Laurent Gbagbo.
Pour ses partisans, elle incarne une « candidature de résistance », tandis que ses détracteurs y voient une manœuvre symbolique plus qu’une réelle perspective de conquête du pouvoir.
L’expression d’une nouvelle génération politique
L’homme d’affaires et député Jean-Louis Eugène Billon, membre influent du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), mise sur son image de réformateur et sur une approche économique modernisatrice. Il entend séduire un électorat jeune, désireux de voir émerger une génération politique différente.
La candidature de Lagou Adjoua Henriette, ancienne ministre de la Famille et de la Femme, constitue également un signal fort en matière de représentativité. Elle s’impose comme une voix féminine affirmée dans une compétition longtemps dominée par les figures masculines.
La continuité en jeu
Le président sortant Alassane Ouattara brigue un nouveau mandat, malgré les débats récurrents sur la limitation du nombre de mandats présidentiels. Ses partisans estiment que sa candidature garantit la stabilité et la poursuite des grands chantiers économiques et d’infrastructures. Ses opposants dénoncent, eux, une volonté de confisquer le pouvoir et appellent à une alternance démocratique.
Un profil technocratique
Ancien ministre et économiste reconnu, Don Melo Senin Ahoua Jacob représente un profil plus technocratique. Sa candidature, bien que moins médiatisée, attire l’attention par son discours axé sur la gestion rigoureuse des finances publiques et la réforme de l’économie nationale.
Une campagne à haut risque
La validation de ces candidatures ouvre désormais la voie à la campagne officielle, qui s’annonce polarisée et potentiellement tendue. Les observateurs redoutent des affrontements verbaux musclés, voire des tensions sur le terrain, tant la mémoire des crises électorales passées demeure vive en Côte d’Ivoire.
Les organisations de la société civile insistent sur la nécessité d’un climat apaisé et d’un respect scrupuleux des règles électorales. La communauté internationale, quant à elle, suit de près le processus, consciente des enjeux régionaux que représente la stabilité ivoirienne.
Une étape cruciale vers octobre 2025
En rejetant 55 candidatures sur 60, le Conseil constitutionnel a envoyé un signal de fermeté quant au respect des dispositions légales. Mais cette sélectivité nourrit déjà des contestations. Certains partis et candidats recalés dénoncent un « verrouillage » du processus, estimant que le pluralisme démocratique en sort affaibli.
À moins de deux mois du scrutin, la Côte d’Ivoire entre ainsi dans une phase décisive. Entre continuité et alternance, entre figures historiques et visages nouveaux, l’élection présidentielle d’octobre 2025 s’annonce comme un rendez-vous à haut enjeu pour l’avenir politique du pays.
Charles Kpan