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C R O C I N F O S

[SARA 2025] La Chine, moteur d'une agriculture ivoirienne durable et souveraine

[SARA 2025] La Chine, moteur d'une agriculture ivoirienne durable et souveraine

SARA 2025

La Côte d’Ivoire célèbre un partenariat agricole stratégique avec la Chine, au SARA 2025 en mêlant innovation technologique, formation locale et sécurité alimentaire pour relever les défis climatiques et économiques du secteur.

Abidjan, le 24 mai 2025 (crocinfos.net)---Au Salon international de l’agriculture et des ressources animales (SARA) 2025, la Côte d’Ivoire met la Chine à l’honneur, soulignant un partenariat agricole en pleine effervescence. Plus qu’un simple invité, la Chine s’impose comme un moteur d’innovation et un partenaire stratégique pour la modernisation du secteur agricole ivoirien. Entre échanges commerciaux florissants, transfert technologique et projets ambitieux, cette coopération illustre une nouvelle ère pour l’agriculture ivoirienne, tournée vers la durabilité et la souveraineté alimentaire.

Depuis plus d’une décennie, la Côte d’Ivoire et la Chine développent une coopération agricole qui dépasse les simples relations commerciales. En 2025, la Chine est invitée d’honneur au SARA, le plus grand rendez-vous agricole du pays, symbole d’une collaboration stratégique et pragmatique. Ce partenariat s’inscrit dans un contexte où la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, cherche à diversifier son agriculture, à améliorer sa productivité et à renforcer sa résilience face aux défis climatiques. La Chine, forte de ses avancées technologiques et de son expérience en modernisation agricole, apparaît comme un allié naturel pour accompagner cette transformation.

Historiquement, les relations sino-ivoiriennes ont pris un nouvel essor au début des années 2010, avec la signature de plusieurs accords bilatéraux visant à renforcer la coopération économique et technique. L’agriculture, secteur vital pour la Côte d’Ivoire qui emploie près de 60 % de la population active (source : Banque Mondiale, 2023), est devenu un pilier central de ce partenariat.


Une croissance spectaculaire des échanges agricoles sino-ivoiriens


Les échanges commerciaux agricoles entre la Côte d’Ivoire et la Chine ont explosé ces dernières années. Selon les statistiques officielles du ministère ivoirien du Commerce, le volume des exportations agricoles ivoiriennes vers la Chine est passé de 100 millions de dollars en 2013 à 980 millions de dollars en 2024, soit une croissance annuelle moyenne de plus de 25 %. Cette progression est portée par des produits phares tels que le cacao, les noix de cajou, l’huile de palme et les fruits tropicaux.

En parallèle, la Chine exporte vers la Côte d’Ivoire des équipements agricoles modernes, des intrants comme les fertilisants et les semences améliorées, ainsi que des technologies de transformation. En 2024, les importations ivoiriennes de produits agricoles et agro-industriels chinois ont atteint 430 millions de dollars, ce quirenforce la chaîne de valeur locale.

« La Chine est aujourd’hui le premier partenaire commercial bilatéral de la Côte d’Ivoire, ce qui témoigne de la profondeur et de la diversification de nos échanges. Nos relations commerciales agricoles ont connu une croissance remarquable ces dernières années, portée par des produits comme le cacao, la noix de cajou, le café et l’huile de palme. Cette dynamique s’appuie aussi sur un transfert technologique important, notamment dans la mécanisation et la transformation agroalimentaire. Nous sommes fiers de soutenir la Côte d’Ivoire dans sa quête de modernisation agricole et de souveraineté alimentaire » souligne S.E.M. Wu Jie, Ambassadeur de Chine en Côte d’Ivoire, dans une interview réalisée par abidjan.net, mai 2025.

Ces propos soulignent la montée en puissance des échanges agricoles entre les deux pays et la volonté chinoise d’accompagner la Côte d’Ivoire dans la modernisation de son secteur agricole à travers des investissements et des innovations.

Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie plus large visant à intégrer la Côte d’Ivoire dans les circuits commerciaux asiatiques, tout en valorisant ses produits sur les marchés internationaux. Le partenariat contribue également à la diversification économique ivoirienne, en réduisant la dépendance aux matières premières brutes.


Une vitrine des innovations chinoises au service de l’agriculture ivoirienne


Au cœur du SARA 2025, la Chine présente ses dernières innovations agricoles : tracteurs adaptés aux petites exploitations, systèmes d’irrigation goutte-à-goutte pilotés par intelligence artificielle, drones pour la surveillance des cultures, et solutions de stockage améliorées. Le vice-ministre chinois de l’Agriculture, Zhang Xingwang, rappelle dans son discours officiel, SARA 2025, que « la mécanisation et la digitalisation sont essentielles pour augmenter la productivité et réduire les pertes post-récolte en Côte d’Ivoire ».

Ces technologies, souvent adaptées aux réalités des exploitations familiales africaines, permettent d’optimiser l’utilisation de l’eau, de réduire l’usage des pesticides et d’améliorer la gestion des cultures. Par exemple, l’utilisation de drones pour détecter précocement les maladies des plantes a permis une réduction de 15 % des pertes sur certaines cultures expérimentales en 2024 (source : Institut de Recherche Agricole de Chine, 2024).

La Chine soutient également le développement d’unités de transformation agroalimentaire. Selon la chambre du commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire, en 2024, plus de 2 500 emplois directs ont été créés dans des usines de transformation du cacao et de l’huile de palme équipées avec des technologies chinoises. Cette montée en gamme permet à la Côte d’Ivoire de mieux valoriser ses produits sur les marchés internationaux et d’accroître sa valeur ajoutée locale.

Par ailleurs, des formations techniques sont régulièrement organisées pour les jeunes ivoiriens, afin de renforcer leurs compétences dans les métiers de l’agro-industrie, un secteur clé pour l’emploi et la croissance économique.

Projets phares et modèles de réussite : l’exemple de Guiguidou

Le village de Guiguidou, dans la région du Lôh-djiboua illustre parfaitement la réussite de la coopération sino-ivoirienne. Depuis 2014, un projet pilote de riziculture intensive, soutenu par des experts chinois et financé par des fonds bilatéraux, a permis de tripler la production locale, passant de 1 200 tonnes à près de 3 600 tonnes annuelles (rapport FAO, 2024). Ce succès repose sur l’introduction de semences améliorées, la mécanisation adaptée au terrain et la formation continue des agriculteurs.

« Grâce à l’appui technique et au matériel fournis par la Chine, notre production de riz a triplé ces dernières années. Les semences améliorées et la mécanisation facilitent notre travail et augmentent nos rendements, désormais proches de 7 tonnes à l’hectare. Ce partenariat nous permet de mieux sécuriser nos revenus et contribue à la sécurité alimentaire locale. Nous espérons que ce modèle sera étendu à d’autres régions », témoigne Alain Beugré, président de la Coopérative des Riziculteurs de Guiguidou.

Ce projet a également favorisé l’émergence d’une coopérative agricole locale, qui facilite l’accès au crédit, aux intrants et aux marchés. Selon un rapport de la FAO, ce modèle a permis d’augmenter les revenus des producteurs de 40 % en moyenne, contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté rurale.

Le ministre ivoirien de l’Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, au cours de la conférence de presse du SARA 2025 s'est félicité: « Guiguidou est devenu un modèle à reproduire dans tout le pays. Ce partenariat avec la Chine nous permet de moderniser notre agriculture tout en renforçant l’autonomie des producteurs… »


Une coopération stratégique pour relever les défis climatiques


Les aléas climatiques, notamment la variabilité des précipitations et l’érosion des sols, menacent la production agricole ivoirienne. La Chine et la Côte d’Ivoire collaborent pour développer des solutions innovantes, telles que la gestion intégrée de l’eau, l’agroforesterie et l’agriculture de précision. Ces initiatives s’appuient sur des échanges de chercheurs et des formations spécialisées.

Un programme conjoint lancé en 2023 vise à introduire des variétés de cultures résistantes à la sécheresse et aux parasites, adaptées aux conditions locales. Les premiers résultats montrent une augmentation de 20 % des rendements dans les zones pilotes, selon un rapport du Centre de Recherche Agricole Sino-Ivoirien, en 2024.

L’ambassadeur Wu Jie insiste sur la dimension sociale de cette coopération « ...la Chine est disposée à continuer d’encourager les investissements chinois dans le domaine de l’agriculture en Côte d’Ivoire, visant au renforcement des capacités de la production vivrière et à la promotion de la coopération en matière de machines agricoles, de transformation de produits agricoles et de chaînes industrielles, tout en offrant des opportunités accrues pour le développement durable de l’agriculture et la sécurité alimentaire de la Côte d’Ivoire. »

 Cette approche s’inscrit dans les objectifs de développement durable, avec un accent sur la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté rurale.

La formation professionnelle, notamment des femmes agricultrices, est un volet essentiel. En 2024, plus de 5 000 femmes ont bénéficié de programmes de formation en agroécologie et gestion d’exploitation, cofinancés par la Chine et la Côte d’Ivoire (source : Ministère ivoirien de la Femme, 2024).

La présence de la Chine comme pays invité d’honneur au SARA 2025 n’est pas un simple honneur protocolaire. Elle symbolise une coopération agricole dynamique, innovante et stratégique, qui transforme profondément le paysage agricole ivoirien. Entre échanges commerciaux en forte croissance, innovations technologiques adaptées, projets pilotes réussis et réponses aux défis climatiques, la Chine et la Côte d’Ivoire bâtissent un partenariat durable, porteur d’espoir pour l’avenir de l’agriculture africaine.

Ce partenariat ouvre la voie à une agriculture plus productive, plus résiliente et plus inclusive, capable de répondre aux besoins alimentaires croissants tout en contribuant à la croissance économique et à la réduction des inégalités.


François M'BRA II, Correspondant Région de Gbêkê, envoyé spécial au SARA