Des voix s'élèvent pour réclamer la libération du journaliste réfugié.
L’exfiltration du journaliste béninois Hugues Sossoukpè depuis Abidjan vers Cotonou suscite de vives interrogations. Menée sans validation judiciaire connue, l’opération implique plusieurs acteurs sécuritaires et embarrasse les autorités ivoiriennes, restées officiellement silencieuses à ce jour.
-Ce que le ministère ivoirien de la Défense ivoirien aurait dit
Abidjan, le 30 juillet 2025 (crocinfos.net)– Selon une publication de Africa Intelligence datée du 29 juillet 2025 à 4h40 GMT, une opération d’exfiltration du journaliste béninois Hugues Comlan Sossoukpè, exilé au Togo depuis 2019, aurait impliqué certains acteurs institutionnels ivoiriens. À ce jour, aucune déclaration officielle ne semble avoir été publiée par les autorités ivoiriennes pour confirmer ou infirmer les faits allégués.
Ces informations, si elles étaient avérées, susciteraient de nombreuses interrogations tant sur le plan du respect des procédures nationales que sur celui des engagements internationaux de la Côte d’Ivoire en matière de protection des réfugiés. L’opinion nationale et les observateurs du droit international humanitaire attendent des clarifications.
D’après les éléments rapportés, l’opération en question aurait été conduite en dehors du cadre habituel de coopération judiciaire entre États souverains, sans notification préalable ni validation explicite par les juridictions compétentes ou les autorités centrales chargées des affaires d’asile et d’extradition. Le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, aurait exprimé sa vive désapprobation à son homologue béninois lors d’un échange téléphonique, estimant ne pas avoir été informé de l'opération.
Toujours selon Africa Intelligence, le 10 juillet 2025, une délégation béninoise composée notamment du directeur général de la police béninoise, M. Brice Kokou Allowanou, et de M. Ouanilo Mèdégan Fagla, directeur général du Centre national d’investigation numérique (CNIN), aurait séjourné à Abidjan. Un vol spécial aurait été affrété à cet effet pour assurer le retour du journaliste vers Cotonou, le 11 juillet.
La tentative d'interpellation du journaliste se serait déroulée à l’hôtel Palm Club de Cocody, établissement appartenant au Fonds de prévoyance militaire (FPM). Devant l’opposition manifeste de M. Sossoukpè, la direction de l’hôtel aurait alerté les autorités locales. Deux officiers de la gendarmerie nationale, dont les lieutenants-colonels Issa S. et Benjamin O., seraient alors intervenus. Des instructions auraient été données pour que la délégation béninoise se rende dans les locaux de la gendarmerie afin d’éclaircir la situation. Cependant, les responsables béninois auraient préféré se rendre directement à l’aéroport d’Abidjan, invoquant un prétendu accord préalable avec la hiérarchie sécuritaire ivoirienne.
Selon les mêmes sources, le ministère de la Défense ivoirien aurait été saisi, en amont, par les autorités béninoises, au sujet de la présence sur le territoire ivoirien d’un individu présenté comme un "cyberactiviste dangereux". En réaction, un dispositif de suivi aurait été mis en place, dans l’attente de la production de documents officiels dans le cadre de l'entraide judiciaire. Toutefois, les pièces fournies par la partie béninoise auraient été jugées insuffisantes pour justifier l’extradition de M. Sossoukpè, reconnu comme réfugié politique placé sous protection des Nations unies.
Une fois l'opération menée à son terme, certains membres de la délégation béninoise encore présents à Abidjan auraient tenté, le 12 juillet, de rencontrer le procureur de la République au tribunal du Plateau. Cette tentative n’aurait pas abouti.
Selon les mêmes sources, le ministère de la Défense ivoirien aurait été saisi, en amont, par les autorités béninoises, au sujet de la présence sur le territoire ivoirien d’un individu présenté comme un "cyberactiviste dangereux". En réaction, un dispositif de suivi aurait été mis en place, dans l’attente de la production de documents officiels dans le cadre de l'entraide judiciaire. Toutefois, les pièces fournies par la partie béninoise auraient été jugées insuffisantes pour justifier l’extradition de M. Sossoukpè, reconnu comme réfugié politique placé sous protection des Nations unies. Ce statut rendrait, selon les textes en vigueur, toute extradition juridiquement inopérante.
Au sein de l’administration ivoirienne, le dossier serait suivi par M. Abdoulaye Touré, conseiller à la présidence. Toujours selon les informations publiées, des mesures disciplinaires auraient été prises par le commandement supérieur de la gendarmerie, en lien avec des défaillances ou complicités présumées dans le déroulement de l’opération.
Le lieutenant-colonel Issa S. aurait été brièvement mis aux arrêts pour violation de consignes, avant d’être relâché le 25 juillet. Ce dernier, précédemment pressenti pour une distinction au titre de l'excellence dans les forces de gendarmerie, aurait été coopté par sa hiérarchie avant les faits reprochés.
Dans l’attente d’une communication officielle des autorités ivoiriennes, les zones d’ombre persistent quant au cadre juridique, aux responsabilités engagées et aux conséquences diplomatiques de cette affaire. Plusieurs observateurs appellent au strict respect des procédures d’extradition, des conventions internationales et de la souveraineté des États concernés, dans l’intérêt de la vérité, de la justice et de la stabilité régionale.
Charles Kpan