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[Diabo] L’incendie de l’usine N’Zrama met en péril l’avenir de 900 femmes rurales

[Diabo] L’incendie de l’usine N’Zrama met en péril l’avenir de 900 femmes rurales

Une vue du sinistre

L’usine de transformation de riz N’Zrama à Diabo a été ravagée par un incendie dans la nuit du 10 juin, compromettant gravement un projet d’autonomisation économique qui soutenait plus de 900 femmes rurales.

Diabo, le 13 juin 2025 (crocinfos.net)---L’incendie qui a ravagé l’unité de transformation de riz N’Zrama à Diabo plonge la communauté locale dans une grande détresse et fragilise un projet essentiel d’autonomisation des femmes rurales. Dans la nuit du 10 juin 2025, un incendie s'est déclaré à l'unité de transformation du riz N'Zrama. Les sapeurs-pompiers de Bouaké ont pu empêcher la propagation du feu au bâtiment principal. Cependant le camion de transport agricole, don du Ministre d’État Kobenan Kouassi Adjoumani, a été réduit en cendres. Une situation quimenace la continuité d’une activité qui soutient près de 900 femmes, réparties dans 33 coopératives rizicoles.


Un projet d’autonomisation féminine en péril


L’usine N’Zrama, créée en 2020, dépasse la simple fonction de transformation du riz. Elle incarne un véritable modèle de développement local et d’émancipation économique. L' association de entrepreneuriat agricole, l'alphabétisation et le renforcement des capacités, dans la réalisation de ce projet a permis à ces femmes de tripler leurs revenus; ce qui leur permet de rompre avec la dépendance aux cultures traditionnelles comme le manioc et l’anacarde. Cette unité semi-industrielle est la seule de son genre dans tout le département de Botro et constitue un pilier vital pour la région.

Rebecca Yao, présidente de la coopérative Diabo Ville Émergente, exprime toute sa douleur : « C’est un coup dur, un coup fatal pour nos efforts. Ce camion, reçu en décembre 2023, était le nerf de la guerre pour notre usine. » Elle rappelle que ce n’est pas la première fois que l’usine subit des attaques : « En 2020, nous avons été victimes de vandalisme et de pillage pendant la période de désobéissance civile, avec des équipements volés et des documents brûlés. En 2022, un engin de pose de goudron a également été incendié à Diabo, une affaire qui est restée sans suite. »

Ces incidents répétés soulèvent une question cruciale : « S’agit-il de coïncidences tragiques ou bien notre usine est-elle délibérément ciblée ? Qui a intérêt à saboter un projet qui sort des centaines de familles de la précarité et redonne une dignité aux femmes ? » s’interroge-t-elle avec amertume.


Un appel pressant à la justice et à la protection


La perte du camion représente bien plus qu’un simple dommage matériel. Selon Rebecca Yao, « cet incendie n’est pas seulement la perte d’un camion ; c’est une attaque frontale contre l’autonomie économique des femmes rurales et contre le développement de toute une région. » Ce véhicule était un maillon essentiel dans la chaîne logistique de l’usine, facilitant le transport des produits agricoles.

Face à cette situation, elle appelle les autorités à agir rapidement : « Les autorités doivent impérativement mener une enquête rapide et approfondie pour faire toute la lumière sur ce drame et garantir que de tels actes ne se reproduisent plus. L’avenir de 900 femmes et de leurs familles en dépend. » Elle insiste également sur la nécessité de situer les responsabilités : « Les responsabilités doivent être situées pour que ce genre d’action ne se répète plus, pour le bonheur des femmes de Diabo. »

Ce drame souligne la vulnérabilité des initiatives d’autonomisation économique, surtout celles portées par des femmes rurales, dans un contexte parfois instable. La mobilisation collective et l’engagement des autorités sont indispensables pour protéger ces projets et assurer leur pérennité, au bénéfice des populations locales.


François M'BRA II, Correspondant Région de Gbêkê