La deuxième rencontre quant au dialogue politique entre la CAP CI et le RHDP du 5 août 2025. Ph.DR
À l’approche de la présidentielle d’octobre 2025, le dialogue politique reprend entre RHDP et CAP-CI, tandis que l’opposition dénonce des arrestations arbitraires de ses militants, ravivant les tensions et les inquiétudes démocratiques.
Abidjan, le 6 août 2025 (crocinfos.net)– À moins de trois mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025, la Côte d’Ivoire est à la croisée des chemins. Si une dynamique de dialogue politique semble s’être enclenchée entre le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), et la principale coalition d’opposition, la Coalition pour l'alternance pacifique en Côte d'Ivoire (CAP-CI), l’arrestation de plusieurs militants du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) jette une ombre sur les perspectives de décrispation.
Le dialogue politique relancé le mercredi 16 juillet 2025, au siège du MGC. Ph.Dr.
Le 5 août, à l’occasion de la deuxième rencontre entre les délégations du RHDP, conduite par le ministre Touré Mamadou, et celle de la CAP-CI, menée par Charles Blé Goudé, les échanges ont été qualifiés de « constructifs » et « confiants » par les deux parties. Un climat encourageant, né d’une volonté affichée d’alternance dans la conduite et l’accueil des discussions, amorcées officiellement le 16 juillet 2025.
Le PPA-CI dénonce une violation flagrante de la présomption d’innocence et des droits fondamentaux, rappelant les dispositions de l’article 7 de la Constitution ivoirienne et de l’article 22 du Code de procédure pénale sur le secret de l’instruction.
Toutefois, en toile de fond, une vive inquiétude s’installe dans l’opinion publique face à la résurgence de pratiques dénoncées par l’opposition. Le PPA-CI, formation de l’ancien président Laurent Gbagbo, accuse le pouvoir de procéder à des enlèvements et détentions arbitraires de ses militants. Dans une déclaration publiée le 4 août, le Secrétaire général adjoint et porte-parole du parti, Jean Gervais Tchéidé, évoque des « aveux fabriqués » et des « traitements inhumains » imposés à des membres du parti, soupçonnés d’être impliqués dans des actes de vandalisme survenus à Yopougon dans la nuit du 1er au 2 août.
Le RHDP affirme agir dans le strict respect des lois républicaines et des principes de sécurité publique, les critiques de l’opposition accusent le pouvoir d’instrumentaliser la justice à des fins politiques, à l’approche d’un scrutin jugé décisif.
Selon le communiqué, ces militants, enlevés par des hommes cagoulés et présentés à la télévision nationale, sont privés d’assistance juridique. Le PPA-CI dénonce une violation flagrante de la présomption d’innocence et des droits fondamentaux, rappelant les dispositions de l’article 7 de la Constitution ivoirienne et de l’article 22 du Code de procédure pénale sur le secret de l’instruction.
Un processus électoral crédible, des libertés fondamentales garanties, et une justice indépendante.
Alors que le RHDP affirme agir dans le strict respect des lois républicaines et des principes de sécurité publique, les critiques de l’opposition accusent le pouvoir d’instrumentaliser la justice à des fins politiques, à l’approche d’un scrutin jugé décisif. Le PPA-CI, vent debout contre ce qu’il considère comme une dérive autoritaire, appelle ses militants à se mobiliser « contre le 4ᵉ mandat » du président Alassane Ouattara.
Le retour au dialogue est salué par nombre d’observateurs, mais il ne saurait occulter les défis de fond : un processus électoral crédible, des libertés fondamentales garanties, et une justice indépendante. Blé Goudé, pour sa part, insiste sur la nécessité de « maintenir le cap du dialogue malgré les divergences », afin de conjurer le spectre d’une nouvelle crise post-électorale.
Dans ce contexte contrasté, les prochaines discussions prévues ce lundi s’annoncent cruciales pour rétablir la confiance entre les acteurs politiques. Car si le dialogue semble mettre, selon l’expression populaire, « de l’eau dans le gnamakoudji », il reste encore à transformer cette détente fragile en socle de paix durable.
Charles Kpan