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C R O C I N F O S

[Libre opinion] Réparation face au génocide culturel de l’Afrique

[Libre opinion] Réparation face au génocide culturel de l’Afrique

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Le journaliste ivoirien William-Varlet ASIA appelle l’UNESCO à agir pour la restitution des artefacts africains, qu’il considère comme une réparation indispensable face au « génocide culturel » ayant amputé la mémoire du continent.

-Un journaliste ivoirien interpelle l’UNESCO

La souveraineté africaine ne se limite pas à battre monnaie, à rechercher des partenariats dits « gagnant-gagnant » avec l’Occident, ni à réduire à l’état de vestige l’empreinte politique coloniale. Elle implique également une réhabilitation culturelle indispensable pour restaurer la mémoire collective de notre continent.

Dans cette perspective, le journaliste ivoirien William-Varlet ASIA interpelle l’UNESCO sur la nécessité d’une réparation qu’il qualifie de réponse au « génocide culturel » subi par l’Afrique. Ci-dessous, sa correspondance adressée à Madame la Directrice générale de cette institution.

28 juin 2025

À Madame Audrey Azoulay

Directrice générale de l’UNESC

7, place de Fontenoy

75352 Paris 07 SP

France

Madame la Directrice générale,

En tant que journaliste et intellectuel africain, je me permets de vous écrire pour exprimer ma profonde préoccupation quant à la rétention continue d’artefacts africains conservés dans des musées et collections privées hors du continent, notamment au Louvre, au musée du quai Branly – Jacques Chirac à Paris, au British Museum, ainsi que dans d’autres institutions de renom.

Nombre de ces biens culturels – sculptures, masques, objets rituels et pièces diverses – revêtent une valeur inestimable pour l’identité culturelle et la mémoire historique des peuples africains. Leur exportation, réalisée bien souvent dans des contextes d’exploitation, de violence ou de contrainte, a créé un vide irréparable au sein du patrimoine culturel de nos communautés.

Nous considérons que la restitution de ces biens ne constitue pas seulement un acte de justice morale et historique, mais également une étape cruciale vers la restauration de la dignité culturelle et de l’intégrité historique des peuples africains.

Conformément à la Convention de l’UNESCO de 1970 visant à interdire et prévenir l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites de biens culturels, ainsi qu’aux principes de coopération internationale affirmés par les résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies, nous vous exhortons à :

Initier un dialogue international avec les États membres afin d’élaborer des mécanismes concrets pour la réparation culturelle, notamment la création d’un registre exhaustif des objets exportés et la détermination de leur provenance.
Faciliter la mise en place d’une commission internationale de réparation, chargée de coordonner les efforts entre les pays d’origine des artefacts et les États où ils sont actuellement conservés.
Encourager les musées et collectionneurs privés à restituer volontairement les objets concernés, ainsi qu’à coopérer de manière transparente avec les communautés africaines.

Nous demeurons convaincus que l’UNESCO, en sa qualité de principale organisation internationale en matière de préservation du patrimoine culturel, dispose de la légitimité et des compétences nécessaires pour contribuer de manière décisive à la résolution de cette injustice historique.

En tant qu’intellectuels africains, nous réaffirmons notre capacité à concevoir, à initier et à gérer nous-mêmes nos logiciels culturels, dans le respect de notre identité et de notre mémoire collective.

Je me tiens personnellement prêt à apporter mon soutien à la mise en œuvre de telles initiatives, notamment à travers l’organisation de dialogues et la promotion de programmes éducatifs visant à sensibiliser à l’importance des réparations culturelles.

Nous comptons sur votre soutien et votre engagement actif en faveur de cette cause essentielle.

Nous vous saurions gré de bien vouloir nous adresser une réponse écrite, et de nous offrir l’opportunité d’échanger sur les prochaines étapes à engager au plan international.

Veuillez agréer, Madame la Directrice générale, l’expression de notre très haute considération.

William-Varlet ASIA

Journaliste ivoirien

Libre penseur