favicon
C R O C I N F O S

[Affaire Fronan Orpaillage illicite] Un ex-député, un faux Ivoirien et une coopérative dans les filets de la justice

[Affaire Fronan Orpaillage illicite] Un ex-député, un faux Ivoirien et une coopérative dans les filets de la justice

Le siège du Pôle pénal économique et financier

Le tribunal du PPEF a achevé l’interrogatoire des 71 prévenus, impliquant un ex-député, un faux Ivoirien et des responsables de coopérative, accusés d’avoir cédé illégalement des permis à un opérateur minier chinois.

Abidjan, le 19 mai 2023 (crocinfos.net)---Le tribunal du Pôle pénal économique et financier (PPEF) a bouclé ce lundi l’interrogatoire des 71 prévenus à la barre, parmi lesquels figurent un Tchadien, deux Ghanéens, ainsi que les dirigeants de la COPEDA, la coopérative de Dabakala, mise en cause pour avoir cédé son permis de recherche à un investisseur chinois. Ce dernier aurait exploité frauduleusement une parcelle à Fronan.

Le directeur général de la coopérative, entendu lors d’une audience précédente, avait reconnu ses torts en ces termes : « J’ai été naïf. » Ce à quoi la présidente du tribunal a sèchement rétorqué : « Il ne s’agit pas de naïveté, mais de cupidité. »

Parmi les prévenus figure également l’ancien député de Yopougon, Zié Daouda, qui comparaît libre. Il aurait lui aussi cédé une autorisation au même opérateur chinois pour une autre parcelle à Fronan. Ce dernier aurait ensuite introduit un partenaire dans le projet, lequel aurait profité de la santé fragile de l’ex-député pour modifier les statuts et la direction de la société.

Ce mystérieux partenaire, M. Ayité, s’était initialement présenté comme Ivoirien, prétendument beau-frère de Zié Daouda, afin de gagner sa confiance. À la barre ce lundi, il a finalement reconnu être Béninois, fils de l’ancien ambassadeur du Bénin en Chine, marié à une Ivoirienne depuis 2019 — un mariage qu’il brandit aujourd’hui pour justifier sa nationalité ivoirienne.

Mais c’est l’intervention de l’avocat de l’investisseur chinois qui a fissuré sa défense : « Vous vous êtes déclaré Ivoirien à la création de la société, ce qui vous a permis d’en détenir 51 %. Très bien. Mais en 2022, dans les dossiers officiels, vous affirmez être Béninois et célibataire… Comment cela est-il possible ? »

La présidente, interpellée, cherche à comprendre :

— « Je n’avais pas encore ma carte nationale d’identité… J’ai fourni ma carte consulaire. »

— « Et votre mariage avec l’Ivoirienne ? Et votre passeport ? »

— « Madame la présidente, j’ai oublié. C’est une omission… »

— « En 2021, vous n’avez pas oublié d’être Ivoirien pour obtenir 51 % des parts. En 2022, vous oubliez subitement que vous êtes marié et Ivoirien, et vous redevenez Béninois… »

L’étau se resserre autour de cet homme qui, jusqu’ici, niait systématiquement toute implication. Les prochaines audiences sont fixées aux 2 et 4 juin 2025 pour les dernières confrontations, suivies des plaidoiries des avocats et des réquisitions du parquet.


Fernand Dédeh