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C R O C I N F O S

[Procès de l’orpaillage illégal] Prison ferme et amendes record pour les cerveaux du réseau sino-ivoirien

[Procès de l’orpaillage illégal] Prison ferme et amendes record pour les cerveaux du réseau sino-ivoirien

A titre d'illustration.

Le tribunal du pôle pénal économique et financier (PPEF) a rendu son verdict dans l’affaire de l’orpaillage clandestin impliquant 71 personnes, dont des ressortissants chinois. Des peines lourdes ont été infligées aux principaux responsables.

Abidjan, 12 juin 2025 (crocinfos.net)– Après un procès-fleuve ouvert devant le tribunal du Pôle pénal économique et financier (PPEF), le couperet est tombé ce mercredi 12 juin. Sur les 71 personnes jugées dans le cadre d’un vaste réseau d’orpaillage illégal actif dans les régions du Hambol et d’Attingué, le parquet a tranché entre complicité passive et responsabilité directe. Si certains prévenus chinois, simples exécutants, ont bénéficié de la clémence du ministère public, les cerveaux du système, eux, ont écopé de lourdes sanctions.


Des décisions qui marquent un tournant. Premier nom à figurer dans la liste des condamnés : Zié Daouda Coulibaly, reconnu coupable de location illégale d’autorisation d’exploitation de sites miniers sans aval administratif. Il a été condamné à six mois de prison ferme. Toutefois, le tribunal l’a relaxé pour les faits de blanchiment de capitaux, la présidente précisant que « la loi ne prévoit pas d’amendes » dans ce cas précis.

Autre figure centrale de ce réseau, Apithy Sourou, un homme d’affaires ivoirien d’origine béninoise, a été lourdement sanctionné. Le tribunal l’a condamné à sept ans de prison ferme, assortis d’une amende colossale d’un milliard de francs CFA. Ses biens situés à Abidjan ont été intégralement confisqués. Le verdict a été salué par des murmures de surprise dans la salle.

Du côté des ressortissants chinois, Xu Qi, identifié comme l’un des organisateurs d’un des sites illégaux, a écopé de 24 mois de prison ferme et devra verser 50 millions de francs CFA d’amende. Il faisait partie des quelques ressortissants désignés comme têtes pensantes du réseau.


Une prévenue entre le banc des accusés et l’hôpital. Le cas de Diaby Matenin a particulièrement retenu l’attention. Poursuivie dans deux affaires distinctes pour escroquerie et blanchiment de capitaux, elle aurait détourné respectivement 272 millions FCFA et 500 millions FCFA dans des contrats de livraison de carburant non honorés. Alors que le parquet avait requis deux peines de cinq ans de prison assorties d’amendes cumulées de 1,816 milliard de francs CFA, la prévenue s’est écroulée à l’audience, victime d’une importante hémorragie nasale.

Son avocat a alerté sur son état de santé : « Elle est gravement malade. La semaine dernière, elle était encore en réanimation ». Le tribunal a mis en délibéré la décision dans son cas, en attendant une expertise médicale.


Un signal fort envoyé aux exploitants illégaux. Ce verdict, très attendu par les autorités judiciaires et les ONG environnementales, marque une nouvelle étape dans la lutte contre l’exploitation illicite des ressources minières en Côte d’Ivoire. La justice ivoirienne semble désormais déterminée à s’attaquer non seulement aux exécutants, mais surtout aux architectes financiers et logistiques de ces réseaux de prédation.


Charles Kpan, info Fernand Dédeh envoyé spécial au PPEF