Kobenan Krah Sylvain K., délégué départemental du Conseil National des Jeunes de Côte d’Ivoire (CNJCI)
En cette phase d’apothéose de la 6e édition des Assises de la Jeunesse du département de Nassian, événement majeur dédié à la promotion de la paix, de la cohésion sociale et de l’insertion professionnelle, nous avons rencontré M. Kobenan Krah Sylvain K., délégué départemental du Conseil National des Jeunes de Côte d’Ivoire (CNJCI). Il nous partage sa vision et les ambitions nourries par la jeunesse locale.
Crocinfos.net : Quel est l’état général du département de Nassian ?
Krah Sylvain :Le département de Nassian présente un visage globalement encourageant, malgré quelques défis structurels. Il possède un fort potentiel agricole et une jeunesse engagée.
Nous organisons des campagnes de sensibilisation, des dialogues intercommunautaires, des activités socio-éducatives (tournois, conférences, caravanes de paix) pour promouvoir le vivre-ensemble et prévenir les tensions.
Toutefois, l’enclavement reste un obstacle majeur. Le désenclavement par le fleuve Comoé vers Dabakala demeure prioritaire. Le bitumage de l’axe stratégique Kotouba–Nassian (53 km), actuellement en cours, est porteur d’espoir et témoigne de réelles avancées.
Quel est le rôle du CNJCI à Nassian et l’importance de ces assises ?
Le CNJCI agit comme catalyseur de l’engagement citoyen et entrepreneurial des jeunes. À Nassian, nous rassemblons la jeunesse autour de la paix, du civisme et du développement durable. Les Assises permettent de formuler des propositions concrètes et de faire entendre la voix des jeunes auprès des autorités.
Quels sont les principaux défis rencontrés par la jeunesse locale ?
Le chômage, l’exode rural, les grossesses précoces, l’insuffisance d’infrastructures éducatives et la menace de l’extrémisme violent due à la proximité frontalière constituent nos principaux défis. L’accès aux financements reste également limité.
Comment le CNJCI agit-il pour renforcer la cohésion sociale ?
Nous organisons des campagnes de sensibilisation, des dialogues intercommunautaires, des activités socio-éducatives (tournois, conférences, caravanes de paix) pour promouvoir le vivre-ensemble et prévenir les tensions.
Quelles solutions concrètes ont été proposées durant ces assises ?
Nous recommandons la création de centres de formation professionnelle ruraux, le soutien aux coopératives de jeunes, l’accompagnement de projets via l’Agence Emploi Jeunes et les partenaires comme la GIZ, ainsi que des programmes de sensibilisation à la santé sexuelle dans les établissements scolaires.
De plus, un plan d’actions post-assises structuré autour de l’emploi, de la paix et de l’engagement civique a été adopté.
Face à la crise de stockage de l’anacarde, quelles propositions formulez-vous ?
Nous plaidons pour des partenariats avec des opérateurs agréés, la création d’un entrepôt régional, ou encore d’une unité de transformation locale afin de réduire la dépendance aux variations du marché.
En quoi cette 6e édition se distingue-t-elle des précédentes ?
Elle se démarque par une forte implication des autorités administratives et coutumières, notamment avec l’intronisation du chef de village de Talahini. De plus, un plan d’actions post-assises structuré autour de l’emploi, de la paix et de l’engagement civique a été adopté.
Quel est l’impact des activités sportives et de sensibilisation sur le civisme ?
Le sport, notamment le football, est un vecteur universel de rassemblement. Il facilite la transmission de messages de paix, de non-violence et de citoyenneté auprès des jeunes.
Comment mobiliser les jeunes contre l’extrémisme violent ?
Nous formons des relais communautaires de paix, renforçons les capacités des jeunes leaders et promouvons l’insertion socioéconomique. Par exemple, le Programme spécial en faveur des jeunes du Nord vise leur autonomie économique. Nous collaborons avec Equal Access International, les chefs religieux et traditionnels, et promouvons des campagnes via radios et ateliers.
Travaillez-vous avec d’autres acteurs pour renforcer cette lutte ?
Oui, nous coopérons avec les ONG, les autorités locales, les forces de sécurité et les partenaires internationaux. La coordination multisectorielle est essentielle pour créer un environnement protecteur autour de la jeunesse.
Quel impact espérez-vous sur l’insertion socio-professionnelle ?
Une meilleure structuration des initiatives, l’accès facilité au financement et un renforcement des compétences à travers des formations ciblées et des mises en réseau.
Quelles sont les perspectives d’action du CNJCI ?
Nous mettrons en œuvre les recommandations issues des Assises grâce à un comité de suivi. Le CNJCI poursuivra ses efforts de plaidoyer et d’accompagnement des projets portés par les jeunes.
À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, quel message adressez-vous ?
Nous appelons à la responsabilité et à la maturité des jeunes. Rejetons la violence. Engageons-nous pacifiquement dans le processus démocratique. Soyons des bâtisseurs de paix.
Un mot de conclusion ?
Je lance un appel à l’unité de la jeunesse, au-delà des clivages. Ensemble, œuvrons pour la paix et le développement. Je remercie Mme Kaba Nialé, ministre du Plan, Dr Michel Nouffé, parrain des Assises, le corps préfectoral, les autorités coutumières, le président du CNJCI, Inza Kifory Ouattara, la MCDN, et toutes les populations de Nassian pour leur implication dans l’essor de notre département.
Interview réalisée par François M'BRA II, correspondant régional