À titre d'illustration
L’augmentation du crédit d’enlèvement pour les commissionnaires en douane agréés en Côte d’Ivoire favorise les multinationales au détriment des PME locales, menaçant leur survie. Une décision qui met en péril des milliers d'emplois.
Abidjan (Côte d’Ivoire), le 22 novembre 2025 (crocinfos)---La récente annonce de l’augmentation du crédit d’enlèvement exigé pour les commissionnaires en douane agréés (CDA) en Côte d’Ivoire, qui passe de 50 millions à 100 millions de FCFA, fait déjà des vagues dans le secteur du transit douanier. Si cette mesure est mise en œuvre, elle pourrait sonner le glas de nombreuses petites et moyennes entreprises (PME) ivoiriennes, une décision que beaucoup considèrent comme une faveur injustifiée aux multinationales, au détriment des acteurs économiques nationaux.
Une décision sans consultation
Ferdinand Beiha, le secrétaire général du Syndicat autonome des transitaires de Côte d'Ivoire (SYNAT-CI), qui représente les intérêts des PME nationales dans le secteur du transit, a vigoureusement dénoncé cette décision, soulignant que les PME ivoiriennes ont été exclues des discussions qui ont précédé la décision de l'augmentation du crédit d’enlèvement. Le SYNAT-CI, pourtant une organisation légalement constituée, n’a pas été consulté, et cette mesure a été prise sans concertation véritable avec les parties prenantes nationales. L'absence de dialogue avec les acteurs locaux laisse un goût amer d'injustice, surtout dans un secteur où les PME ivoiriennes représentent la majorité des acteurs.
Il est important de souligner que l'augmentation du crédit d’enlèvement représente une hausse de 400% en seulement un an. Cette décision, prise sans le moindre délai d’adaptation, met en péril l’existence même de nombreuses PME ivoiriennes, qui n’ont pas les capacités financières des multinationales pour se conformer à ces nouvelles exigences. Une telle mesure risque de concentrer l’ensemble du secteur sur les épaules des grands groupes étrangers, qui ont la capacité d’absorber ces coûts supplémentaires.
Le préjudice aux pme et la faveur injustifiée aux multinationales
Les multinationales, qui disposent de ressources financières importantes, ont la capacité de faire face à cette nouvelle exigence imposée par les autorités douanières. Elles sont les principales bénéficiaires d’une telle décision. En revanche, les PME locales, qui constituent l’épine dorsale de l’économie ivoirienne, se retrouvent dans une position délicate, face à une augmentation drastique de leurs coûts de fonctionnement, et risquent de fermer leurs portes, faute de pouvoir garantir ces montants.
Antoine Assalé Tiemoko, député de la nation et président de ADCI, a exprimé son inquiétude dans une déclaration, soulignant que cette augmentation des exigences financières pour les PME ivoiriennes va directement à l’encontre des efforts de lutte contre la pauvreté. Selon lui, cette mesure favorise les multinationales et les grands groupes liés aux anciens agents des douanes, désormais transitaires, au détriment des petites structures locales. Cette situation menace non seulement l'existence des PME, mais aussi les emplois qu’elles génèrent, car des milliers de travailleurs risquent de perdre leur emploi si ces entreprises ferment.
L’appel au dialogue et à l’équité
Ferdinand Beiha, dans sa déclaration, appelle à un dialogue inclusif et à une concertation véritable sur les réformes affectant le secteur du transit. L'absence de consultation préalable des parties prenantes locales dans la prise de décision sur des questions aussi cruciales remet en cause la justice et l’équité. Le SYNAT-CI propose de reporter toute nouvelle augmentation du crédit d’enlèvement et de la caution jusqu’en 2028 afin de permettre aux PME de s’adapter et de continuer à jouer leur rôle fondamental dans l'économie ivoirienne.
Le risque de perdre l’entrepreneuriat local
L’augmentation des exigences financières ne fait qu’accentuer les inégalités entre les grands groupes étrangers et les petites entreprises locales, condamnant de facto l’entrepreneuriat local. Cette situation ne peut qu'exacerber l'exclusion des petites entreprises, qui se voient mises à l'écart au profit d'acteurs économiques étrangers.
L'une des préoccupations majeures du SYNAT-CI est la mise en œuvre de cette mesure sans concertation, alors que l'article 38 du Code des Douanes stipule clairement que l’administration douanière doit dialoguer avec tous les partenaires du secteur privé avant toute réforme importante. Cette exclusion des PME locales va à l’encontre de l’esprit de ce texte.
Une urgence pour la justice économique
Les PME ivoiriennes représentent l’avenir économique du pays. Elles sont des créatrices d’emplois, des moteurs de l'exportation et de la mobilisation des recettes fiscales. La situation actuelle, où les multinationales semblent bénéficier de faveurs injustifiées, risque de détruire le tissu économique local, à moins qu’un véritable dialogue ne soit engagé. Il est plus que jamais urgent de rééquilibrer la balance économique en donnant aux PME locales les moyens de croître et de contribuer activement à l'essor économique de la Côte d'Ivoire.
Sériba Koné
[La Direction générales des douanes au service de qui ?]
Le secteur du transit et des douanes est un pilier de l’économie nationale, mais il semble qu’il soit aujourd'hui entre les mains des grandes multinationales. L’objectif des autorités douanières devrait être de soutenir les PME nationales, de les accompagner dans leur développement, et non de les contraindre à fermer leurs portes au profit des groupes étrangers.
Les autorités ivoiriennes, notamment le Premier ministre, le ministre des Finances et du Budget, sont appelées à entendre les voix des PME, à comprendre leur rôle dans le développement économique du pays et à prendre des mesures équilibrées qui préservent à la fois les intérêts des multinationales et des PME locales.
Sériba K.