Roger Youan
Alors que la Côte d’Ivoire célèbre les 65 ans de son indépendance,Roger Youan soulève une interrogation décisive : sommes-nous en train de construire une démocratie authentique ou glissons-nous vers une démocrature insidieuse ? Dans une tribune engagée, il appelle à une mobilisation citoyenne autour des valeurs démocratiques et de la candidature d’Assalé Tiémoko Antoine, présentée comme une alternative salutaire aux dérives autoritaires.
Alors que la Côte d’Ivoire célèbre, ce 7 août 2025, le 65e anniversaire de son accession à l’indépendance, une interrogation fondamentale s’impose à tous les citoyens soucieux de l’avenir politique du pays : sommes-nous engagés sur la voie d’une démocratie véritable ou dérivons-nous insidieusement vers une démocrature ?
Dans un contexte international où les régimes politiques se complexifient et où les institutions démocratiques sont souvent mises à rude épreuve, cette distinction entre démocratie et démocrature revêt, pour notre pays et pour le continent africain tout entier, une importance cruciale.
La démocratie repose sur un principe fondamental : le pouvoir appartient au peuple, qui l’exerce soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants élus. Elle implique un respect rigoureux des droits et libertés fondamentaux, ainsi qu’un engagement fort en faveur de la transparence et de l’égalité devant la loi.
Ses piliers essentiels sont :
La liberté d’expression, qui permet à chaque citoyen de s’exprimer librement, notamment sur les sujets d’intérêt public.
L’égalité devant la loi, garantissant que nul n’est au-dessus des textes régissant la République.
Des élections libres et équitables, transparentes, ouvertes à tous, et ne souffrant d’aucune manipulation.
La primauté du droit, selon laquelle les institutions et les citoyens sont soumis aux mêmes règles de droit.
Le concept de démocrature, fusion des mots démocratie et dictature, désigne une forme pervertie de gouvernance : les institutions démocratiques y sont conservées en apparence, mais le pouvoir est confisqué par un cercle restreint qui instrumentalise les lois et les processus électoraux à son profit.
Les traits caractéristiques de la démocrature sont :
Une concentration du pouvoir entre les mains d’un individu ou d’un groupe.
Une restriction progressive des libertés individuelles et de la presse.
Des élections biaisées, souvent contrôlées, où le pluralisme n’est qu’une illusion.
Une application sélective de l’État de droit, selon les intérêts du pouvoir en place.
Face à ces dérives possibles, notre devoir est de refuser la résignation et de bâtir une démocratie ivoirienne authentique, inclusive et durable. Pour y parvenir, quatre axes majeurs doivent être poursuivis :
Éduquer et sensibiliser les citoyens : La démocratie ne se décrète pas, elle s’apprend. Chacun doit connaître ses droits, comprendre les institutions et être informé des mécanismes de contrôle du pouvoir.
Encourager la participation citoyenne : Voter ne suffit pas. Il s’agit aussi de s’engager activement dans la vie publique, de débattre, de proposer, de contester lorsque cela est nécessaire.
Exiger la transparence et la redevabilité des dirigeants et des institutions : Le peuple doit être en mesure d’observer, d’interroger et de sanctionner politiquement ceux qui exercent le pouvoir.
Soutenir les médias libres et indépendants : Une presse critique et informée est le rempart naturel contre l’opacité, les abus d’autorité et les dérives autoritaires.
À l’Alliance Démocratique pour une Côte d’Ivoire Citoyenne (ADCI), nous croyons fermement que l’avenir de notre pays ne peut s’écrire en dehors de la démocratie. Il ne s’agit pas d’un slogan, mais d’un engagement de chaque instant.
Nous œuvrons à l’avènement d’une société ivoirienne fondée sur la confiance mutuelle, sur le respect des droits, sur l’équité et sur la participation active de tous les citoyens.
Notre combat, c’est celui de la dignité, de la justice et de l’éveil citoyen. Car pour s’indigner, il faut être digne.
Ce combat n’est pas celui d’un seul homme ni d’un seul mouvement. Il est collectif. Il est citoyen. Il est urgent.
C’est pourquoi nous lançons un appel solennel à tous les Ivoiriens, partout dans le pays et dans la diaspora, à se mobiliser pour relever le défi des parrainages citoyens, indispensables au dépôt de la Candidature Citoyenne portée par le compatriote Assalé Tiémoko Antoine.
Il ne s’agit pas seulement d’une candidature politique. Il s’agit d’un symbole, d’une volonté de rupture avec les pratiques d’un autre âge. Il s’agit de donner une voix et une force politique à cette soif de démocratie réelle, exprimée depuis tant d’années dans les rues, les foyers et les esprits.
Nous sommes à la croisée des chemins. La Côte d’Ivoire peut continuer à vivre sous l’ombre d’une démocrature déguisée, ou choisir courageusement d’enraciner une démocratie exigeante et sincère.
Ce choix nous incombe à tous.
Par Roger Youan