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C R O C I N F O S

[Bouaké Inauguration du CHR] Un nouveau souffle de vie pour la région

[Bouaké Inauguration du CHR] Un nouveau souffle de vie pour la région

Bouaké Inauguration du CHR

Le vice-président de la République de Côte d’Ivoire, Tiemoko Melyiet Koné, a procédé à l'inauguration du Centre Hospitalier Régional (CHR) de Bouaké, lundi 28 Avril 2025, en présence de plusieurs membres du gouvernement, des autorités locales et les populations.

Bouaké, le 29 avril 2025 (crocinfos.net)---Bâti sur une superficie de 10 hectares, ce joyau architectural est estimé à un coût global de 40 milliard de FCFA, y compris les équipements. Il  dispose de neuf pôles de soins et abrite 13 services médico-techniques avec une capacité d'accueil de 150 lits

Cet établissement de niveau 2 propose une prise en charge complète en chirurgie, en pédiatrie,ORL, ophtalmologie, neurochirurgie, dentisterie, gynéco- obstétricale, néphrologie et de kinésithérapie. Le CHR de Bouaké offre également un service de radiologie, un laboratoire analyses médicales, d’imagerie médicale, d'une pharmacie et d'un centre de dialyse.

L’établissement est aussi doté d'un scanner et d'une Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) de dernière génération, la plus grande d'Afrique de l'Ouest.

Le CHR de Bouaké sert de pont entre le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Bouaké et les établissements sanitaires de premier contact dans la région. Son fonctionnement est assuré par 441 professionnels de la santé, dont 305 paramédicaux, 79 agents d'appui et 57 agents médicaux.

Ce centre vise à améliorer l'accès aux soins de qualité pour plus de 800 000 habitants de la région de Gbêkê et ses environs. Il s'inscrit dans la politique nationale de renforcement du système de santé ivoirien.

Le CHR de Bouaké est un pilier régional de santé moderne, destiné à offrir des soins spécialisés, renforcer la couverture sanitaire et améliorer les indicateurs de santé dans le centre de la Côte d'Ivoire.

Le Ministre de la santé et de la couverture maladie universelle, Pierre Dimba a exprimé sa profonde gratitude au chef de l'Etat ivoirien , Alassane Ouattara pour ce édifice qui vient renforcer le dispositif du pôle régional d'excellence en santé dans la vallée du Bandama.


Corruption et mauvaise utilisation des équipements : un frein au droit à la santé


Inaugurer de nouveaux centres de santé modernes et célébrer ces avancées est une étape importante dans le renforcement du système sanitaire ivoirien. Toutefois, ces moments de joie ne doivent pas masquer une réalité préoccupante : la corruption et la mauvaise gestion des équipements médicaux. Ces maux continuent de compromettre gravement la qualité des soins et l’accès au droit fondamental à la santé pour une grande partie de la population.

Selon une étude menée en 2022 par le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) dans les régions sanitaires d’Abidjan, Bouaké et Korhogo, près de 40 % des usagers ont été victimes ou témoins de pratiques corruptives dans les établissements de santé. Les formes les plus fréquentes sont le trafic d’influence (38,7 %), le détournement de fonds publics (32,3 %) et l’abus de fonction (12,9 %) [CNDH 2022, p.24]. Ces actes sont principalement commis par le personnel hospitalier (40 %), mais aussi par des amis, connaissances (20 %) et vigiles (40 %) travaillant dans ces structures.

La corruption altère profondément la confiance entre patients et soignants : 80,5 % des usagers déclarent ne pas avoir reçu gratuitement les médicaments qui devraient l’être, et 13,1 % ont dû les acheter directement auprès du personnel soignant, une situation qui traduit une défiance inquiétante envers le système de santé. Elle accroît les inégalités d’accès aux soins et pénalisent surtout les populations vulnérables. Par ailleurs, la mauvaise utilisation ou le détournement des équipements médicaux réduit la disponibilité et la qualité des services, entraînant retards de diagnostic et traitements inadéquats.

Le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH) ajoute que malgré l’existence de politiques anticorruption dans plus de 80 % des établissements, leur application reste insuffisante. La Côte d’Ivoire a progressé dans l’indice de perception de la corruption, passant de la 99e place en 2022 à la 87e en 2023 avec un score de 40/100 selon le rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF 2023). Néanmoins, la corruption dans le secteur de la santé reste un défi majeur.

En 2019, le pays a perdu environ 1400 milliards de francs CFA à cause de la corruption, soit 64 % du service de la dette nationale. Des agents de santé ont été pris en flagrant délit de vente illégale de médicaments, facturation abusive ou détournement de patients vers des cliniques privées, selon le gouvernement ivoirien.

Ces pratiques compromettent non seulement la qualité des soins mais aussi la confiance de la population envers le système sanitaire, ce qui constitue un obstacle majeur à la jouissance effective du droit à la santé, un droit inscrit dans la Constitution ivoirienne et reconnu par les institutions internationales.

L’inauguration d’infrastructures modernes comme le Centre Hospitalier Régional (CHR) Bouaké, ne peut être pleinement bénéfique que si elle s’accompagne d’une gestion transparente, responsable et éthique des ressources.

Il est donc impératif que les autorités, les professionnels de santé, les patients et la société civile s’engagent collectivement à combattre la corruption et à garantir la bonne utilisation des équipements médicaux. Sans cette vigilance, les progrès matériels risquent de rester symboliques, sans réelle amélioration durable de la santé publique en Côte d’Ivoire.


François M'BRA II, correspondant région de Gbêkê