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C R O C I N F O S

[Présidentielle 2025] Le Front Commun dénonce un “braquage électoral”

[Présidentielle 2025] Le Front Commun dénonce un “braquage électoral”

Me Habiba Touré, porte-parole du Front Commun

Le Front Commun PPA-CI – PDCI-RDA, par la voix de Me Habiba Touré, dénonce des violences meurtrières et un “coup d’État civil” après la présidentielle du 25 octobre.

Abidjan, le 26 octobre 2025 (crocinfos) – Dans une atmosphère de deuil et d’indignation, le Front Commun PPA-CI – PDCI-RDA a rendu publique, ce dimanche, une déclaration solennelle dénonçant ce qu’il qualifie de « coup d’État civil » survenu lors du scrutin présidentiel du 25 octobre. Une élection qui, selon la coalition de l’opposition, s’est transformée en « braquage électoral à ciel ouvert » au mépris des principes démocratiques et de la volonté souveraine du peuple ivoirien.

Dans ce communiqué lu par Me Habiba Touré, porte-parole du Front Commun, le ton est grave. Le texte dresse un bilan humain dramatique, évoquant plusieurs attaques meurtrières imputées à des milices proches du pouvoir. À Grand-Nahio, dans le Haut-Sassandra, trois personnes auraient été tuées et vingt-neuf autres blessées lors d’une attaque armée. À Niamayo, également dans cette région, quatre morts, soixante-sept blessés et cinq maisons incendiées ont été recensés après ce que le Front décrit comme une répression brutale. À Toumodi, le village de Didakouadiobé aurait été gazé par les forces de l’ordre pour avoir refusé de participer à « la mascarade électorale ».

Mais c’est surtout le drame de N’Guessan Kouadio Richard, 13 ans, qui bouleverse l’opinion. L’adolescent, non impliqué dans une quelconque manifestation, a été tué d’une balle en plein cœur. Un « Gbaka rouge » aurait ouvert le feu sur la foule, selon la déclaration. « Un enfant ivoirien est mort. Et le régime garde le silence », déplore Me Habiba Touré, dénonçant des actes qu’elle qualifie de « crimes contre la démocratie ».

Partout en Côte d’Ivoire, poursuit la déclaration, les populations auraient subi violences, intimidations, arrestations et enlèvements pour avoir voulu défendre leur Constitution. Le Front Commun exprime ses condoléances aux familles endeuillées et sa compassion aux blessés. Ces victimes, souligne-t-il, « ne sont pas des criminels, mais les martyrs de la démocratie ».

Le texte note également le faible taux de participation observé à travers le pays, malgré les pressions. Ce désintérêt massif serait, selon le Front, la preuve que les Ivoiriens ont rejeté une élection qu’ils jugent truquée. « Le peuple n’a pas voté. Le peuple a été volé », déclare la coalition, qui refuse de reconnaître la légitimité du président sortant, Alassane Ouattara.

Le Front Commun formule quatre principales exigences :

L’organisation de nouvelles élections « crédibles, transparentes et inclusives » conformément à la Constitution ;

La libération immédiate de tous les manifestants arrêtés ;

L’abandon des poursuites contre les opposants ;

L’ouverture d’enquêtes sur les violences commises contre les civils.

Le communiqué fustige également le couvre-feu imposé à Yamoussoukro le jour du vote et dénonce des attaques « ciblées et préméditées ». Ces violences, estime Me Touré, auraient pour but de punir les populations qui ont osé contester la perspective d’un quatrième mandat.

Le Front Commun attribue une responsabilité morale et politique au Chef de l’État. Me Habiba Touré cite un extrait du discours d’Alassane Ouattara lors de son meeting du 23 octobre : « Les chiens peuvent toujours passer, mais nous devons être prêts à protéger la Côte d’Ivoire. » Pour l’opposition, ces propos « animalisent » une partie de la population, légitimant la haine et la stigmatisation. « Un tel langage, indigne d’un Chef d’État, nourrit la division et la violence », affirme la porte-parole.

La déclaration appelle donc les instances nationales et internationales à ouvrir des enquêtes impartiales pour situer les responsabilités et sanctionner les auteurs d’exactions. Le Front maintient par ailleurs son mot d’ordre de marches pacifiques quotidiennes jusqu’au « rétablissement de l’ordre constitutionnel ».

Dans sa deuxième partie, le texte interpelle la communauté internationale, accusée d’un silence complice. Le Front Commun évoque notamment la récente apparition publique de l’Ambassadeur de France, portant une chemise à l’effigie de l’épouse du Chef de l’État, qualifiée de « provocation diplomatique ». Ce geste, selon la coalition, illustre le « deux poids, deux mesures » d’une communauté internationale prompte à condamner les régimes du Mali, du Niger ou du Burkina Faso, mais muette face aux dérives du pouvoir ivoirien.

La déclaration rappelle les noms de Duekoué, Nahibly, Nahio, Koffi Toussaint et désormais N’Guessan Kouadio Richard, symboles d’une violence politique répétée. Elle déplore que la Côte d’Ivoire, jadis modèle de stabilité, soit « devenue un laboratoire de la confiscation du pouvoir ».

« La Côte d’Ivoire n’est pas une monarchie », conclut Me Habiba Touré. « Ce pays n’appartient ni à un homme ni à un clan, mais à son peuple. »

Et de lancer, la voix chargée d’émotion : « Vive la Côte d’Ivoire libre ! »


Charles Kpan