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Dans une analyse incisive, Dr Issa Sangaré Yéresso alerte sur l’illusion du Train à grande vitesse en Côte d’Ivoire, soulignant coûts énergétiques, déficit de rentabilité et risque social, plaidant pour des priorités routières et sanitaires.
À monsieur le ministre des transports
TGV d'accord ; mais pour plus tard...très tard...et même pas du tout.
Allons doucement, patiemment, car nous sommes pressés. Le Train à grande vitesse (TGV) est une trouvaille de raccourci dans les pays industriels d’Europe, d'Asie et d'Amérique. Là-bas, la Chine et le Japon en sont les têtes de locomotives. Nombreux sont les pays industrialisés qui s'en passent...
Là-bas, plus que chez nous « time is money ». « Le temps, c'est de l'argent.
Là-bas, ils ont la montre, ici sous les tropiques nous avons le temps. Chez eux, le temps c'est de l'argent si bien que sur ces continents le train concurrence l'avion. Le TGV qui, au contraire de l'avion, a l'avantage de déposer les passagers aux cœurs, centres des grandes métropoles, fait gagner énormément de temps.
Ce qui est nécessaire, bon pour les pays nantis, industrialisés ne l'est pas forcément pour les pays du tiers et quart monde en quête de développement :
Le TGV et même les trains de technologies de pointe sont très gourmands en électricité. Ces engins, trains, métros, tramways sont si voraces en énergie que leurs décideurs ont toutes les peines à se défaire de l'énergie nucléaire.
Or sur notre continent, notamment en Côte d'Ivoire, notre production en électricité est si insuffisante, si dépendante du fossile et de l'hydraulique que nous vivons dans la hantise permanente des coupures, du délestage.
Le TGV et même les trains de technologies de pointe sont très gourmands en électricité. Ces engins, trains, métros, tramways sont si voraces en énergie que leurs décideurs ont toutes les peines à se défaire de l'énergie nucléaire.
Par ailleurs, malgré la densité des populations des pays industrialisés, les TGV ne sont pas financièrement rentables. En dehors des embouteillages des périodes de vacances, les TGV des grandes métropoles sont désespérément vides malgré les tarifs promotionnels.
Chez nous, où trouvez-vous la masse des passagers rapport prix-qualité-services ? Outre le problème d'énergie, le déficit financier prévisible, le TGV en Côte d'Ivoire serait une catastrophe de chômage, une hécatombe pour les cars de transport et leurs propriétaires. De nombreuses familles seront affectées. Une succession de pertes d'emplois.
Les milliards qui seront engloutis ne serait-ce que dans les études à fortiori dans la réalisation du projet pourraient financer deux autoroutes est-ouest et une autre sud San-Pedro - Nord Tengrela qui feront gagner beaucoup de temps.
Pour des raisons sociales, le politique doit faire fi de certains projets modernes de prestige. Même dans 50 ans, l'introduction du TGV dans le paysage du transport ivoirien sera une hécatombe financière, une source de conflits sociaux et une erreur de stratégie politique.
Les milliards qui seront engloutis ne serait-ce que dans les études à fortiori dans la réalisation du projet pourraient financer deux autoroutes est-ouest et une autre sud San-Pedro - Nord Tengrela qui feront gagner beaucoup de temps. Le reliquat des milliards pour la construction du TGV pourra améliorer le plateau technique médical qui en a beaucoup besoin. (CHU, CHR, hôpitaux généraux, cliniques de pointe, formation de personnels de qualité ainsi que la recherche scientifique.)
Les faits sont sacrés, les commentaires sont libres.
Dr Issa Sangaré Yeresso, Prix international de journalisme de l'Université Aix Marseille 2.Chevalier de l'ordre du mérite de la culture.