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[Côte d’Ivoire] Méambly Evariste saisit la justice après des menaces publiques du ministre Adjoumani

[Côte d’Ivoire] Méambly Evariste saisit la justice après des menaces publiques du ministre Adjoumani

Meambly Tié Evariste Edouard

L'ancien député Evariste Méambly accuse publiquement le ministre Adjoumani de menaces graves contre lui et son épouse. Une plainte est déposée. L’affaire secoue la classe politique ivoirienne à l’approche de la présidentielle.

Abidjan, le 17 juin 2025 (crocinfos.net) – C’est une saisine dont la charge émotionnelle et politique ne peut laisser indifférent. Le 16 juin 2025, Meambly Tié Evariste Edouard, ancien député, ancien président du Conseil régional du Guémon, aujourd’hui étudiant à Sciences Po Paris et président du parti Agir pour le peuple (APP), a officiellement saisi le procureur de la République d’Abidjan. Motif : des propos publiquement menaçants tenus par le ministre d’État Kobenan Kouassi Adjoumani à son encontre, et à celle de son épouse.

Dans une saisine sans ambiguïté adressée à Monsieur KONE Braman Oumar, Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance d’Abidjan, M. Méambly dénonce ce qu’il qualifie de « faits d’une extrême gravité ». Selon lui, les menaces proférées par le ministre sur les réseaux sociaux dépassent le simple cadre du débat politique. Elles seraient de nature à « compromettre sa sécurité physique, porter atteinte à son honneur » et à violer ses droits constitutionnels les plus élémentaires.

« Je ne saurais tolérer ni accepter le silence face à de telles dérives », écrit-il, dans un ton à la fois calme et déterminé.

Un appel solennel à l’État de droit

Au-delà de la plainte formelle, l’ancien parlementaire appelle à une réaction forte des institutions judiciaires. Il demande que « toute la lumière soit faite sur ces propos » et que « les responsabilités soient situées, conformément aux lois en vigueur ». Mais Evariste Méambly va plus loin. Il interpelle également les organisations de défense des droits humains, les exhortant à « veiller à la protection » de sa famille, et à « rappeler aux autorités leur devoir de réserve et de respect des droits ».

Dans une déclaration à nos services, un proche de Méambly évoque un homme « préoccupé, mais déterminé à ne pas céder à l’intimidation ».

Fidèle à sa ligne de dialogue républicain, l’ancien député du Guémon annonce, dès son retour en Côte d’Ivoire, l’organisation d’une conférence ouverte à la société civile, aux juristes, aux partis politiques et aux institutions œuvrant pour les droits humains. Objectif : ouvrir un « débat franc et républicain » avec le ministre Adjoumani sur les dérives verbales dans l’espace public.

« Pour moi ne reste pas à l’étranger », cite-t-il, en guise d’adieu dans sa saisine, reprenant un proverbe ivoirien. Une manière de dire qu’il rentrera et qu’il fera face.

À quelques mois de l’élection présidentielle de 2025, cet épisode vient jeter une lumière crue sur l’atmosphère délétère qui prévaut dans le débat public. Entre invectives, intimidations voilées et menaces frontales, la Côte d’Ivoire semble rejouer un scénario dangereux, que beaucoup espéraient révolu.

L’affaire Méambly-Adjoumani pose une question brûlante : jusqu’où ira la parole politique avant que la violence ne s’invite de nouveau dans les rues ? Le Procureur de la République donnera-t-il suite à cette saisine ? L’opinion publique, déjà ébranlée par les tensions préélectorales, observe.

Et dans l’attente, M. Méambly reste debout. Non comme une victime, mais comme un citoyen qui entend, coûte que coûte, faire vivre la République.


Le Montagnard