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C R O C I N F O S

[Scandale à la Fonction publique] L'admission de trente agents du ministère des Finances annulée pour faux diplômes

[Scandale à la Fonction publique] L'admission de trente agents du ministère des Finances annulée pour faux diplômes

Mme Anne Désirée Ouloto, ministre d'État, ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l'administration.

Un séisme secoue la Fonction publique ivoirienne. Trente agents du ministère des Finances, admis aux concours administratifs, sont brutalement écartés pour diplômes non conformes. Une décision radicale qui soulève de nombreuses interrogations sur le processus de recrutement.

Abidjan, le 23 mars 2024 (crocinfos.net)---Un séisme administratif vient d'ébranler le ministère des Finances et du Budget. Trente agents, pourtant admis et en attente de leur nomination ou promotion, viennent d'être écartés pour faux. La raison ? Leurs diplômes ont été jugés non conformes après une vérification minutieuse ordonnée par Mme Anne Désirée Ouloto, ministre d'État, ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l'administration.

C'est dans une correspondance datée du 18 octobre 2024 que Soro Gninagafol, Directeur général de la Fonction publique et de la Modernisation de l'Administration, a informé le Directeur des Ressources humaines du ministère des Finances et du Budget de cette décision radicale. « Le traitement des dossiers de nomination et promotion de trente (30) de vos agents n'a pu être conduit à bonne fin. En effet, tous les diplômes requis pour faire acte de candidature aux concours administratifs, au titre de l'année 2021, ont fait l'objet d'authentification. Il ressort que les diplômes des intéressés ne sont pas reconnus », précise-t-il dans sa note.

‘’ La Fonction publique a-t-elle également une part de responsabilité pour n'avoir pas vérifié ces diplômes en amont ?’’

La décision est sans appel : ces agents perdent immédiatement le bénéfice de leur admission pour monter en grade. Une véritable douche froide pour ces fonctionnaires qui se voyaient déjà gravir les échelons administratifs. Mais au-delà des destins individuels brisés, c'est une question plus large qui se pose : comment ces agents ont-ils pu passer le concours avec des diplômes non reconnus ?

Une politique de tolérance zéro face à la fraude

Cette affaire met en lumière la volonté des autorités de lutter contre les fraudes aux concours administratifs, un fléau qui gangrène la fonction publique. Depuis plusieurs années, des rumeurs circulent sur des réseaux bien organisés facilitant l'accès à des postes publics moyennant de faux diplômes. La ministre de la Fonction publique semble déterminée à mettre un terme à ces pratiques.

Mais cette vague de sanctions soulève aussi une interrogation majeure. La Fonction publique a-t-elle également une part de responsabilité pour n'avoir pas vérifié ces diplômes en amont ?

Un malaise dans l'administrationDans les couloirs du ministère des Finances, la décision fait grincer des dents. Certains agents, sous couvert d'anonymat, dénoncent une purge ciblée et redoutent une chasse aux sorcières. « Pourquoi cette vérification intervient-elle maintenant ? Y aurait-il d'autres cas passés sous silence ? » s'interroge un cadre du ministère.

En attendant, ces trente agents voient leur avenir s'assombrir. Eux qui, hier encore, étaient en droit d'espérer une nomination ou une promotion, se retrouvent aujourd'hui exclus d'un système qui leur avait pourtant ouvert ses portes.

Où en est-on avec l’affaire de ‘’faux diplômes’’ des 87 agents des Douanes ?

En mars 2024, le Général DA Pierre Alphonse, Directeur Général des Douanes, et KOFFI Méa Ignace, Directeur des Ressources Humaines, ont accusé 87 agents de détenir de faux diplômes lors des concours professionnels exceptionnels.

Treize mois plus tard, la situation tourne au désavantage de la Direction Générale des Douanes. Les diplômes originaux des mis en cause, conservés par le DRH, n’ont toujours pas été authentifiés. Pire encore, la Fonction publique a identifié de véritables faussaires que le Général DA Pierre Alphonse, désormais "Monsieur Mains Propres", tentait de protéger.

Cette affaire, loin d’être anecdotique, risque de faire tâche d’huile et de mettre en lumière de graves dysfonctionnements dans le processus de promotion d'un agent administratif de la fonction publique ivoirienne.


Sériba Koné