La candidature de Hien Kambiré Ibrahim n'est pas encore définitive
Hien Kambiré Ibrahim, condamné pour escroquerie et abus de confiance, se retrouve sur la liste provisoire des candidats aux législatives de Bingerville. Sa candidature suscite des interrogations éthiques et juridiques sur son éligibilité.
Abidjan, le 20 novembre 2025 (crocinfos)---Dans une enquête menée récemment, le Consortium des Journalistes d’Investigation a mis en lumière un fait surprenant : Hien Kambiré Ibrahim, un homme d'affaires condamné et actuellement en liberté conditionnelle, figure sur la liste provisoire des candidats aux élections législatives de Bingerville, publiée le 18 novembre 2025. Ce retour en scène du prétendant à un siège parlementaire, malgré ses démêlés judiciaires, soulève une série de questions éthiques et juridiques.
« Ce n’est pas une condamnation définitive »
En dépit de sa condamnation à 36 mois d'emprisonnement ferme en juillet 2025, pour des faits d’escroquerie et d’abus de confiance dans le cadre d’une affaire foncière, Hien Kambiré Ibrahim a réagi en déclarant que sa condamnation n’était pas « définitive », et qu’il jouissait donc de tous ses droits civils. En effet, après quelques semaines de détention, il a obtenu une libération conditionnelle le 27 août 2025, et demeure sous la surveillance de la justice, dans l'attente de la conclusion d’autres procédures judiciaires liées à un détournement de fonds estimé à plus de 400 millions de FCFA.
Un système d’escroquerie foncière
L’enquête qui a mené à la condamnation de M. Ibrahim a révélé un système d’escroquerie bien rodé. En tant que gérant de la société CICP ASSAMAD SARL, il était chargé de reverser à la chefferie du village les frais de mutation de chaque parcelle de terrain vendue dans le cadre du projet "Apponian Résidentiel". Ces frais, s’élevant à 400 000 FCFA par lot, n’ont cependant pas été versés comme convenu. Lors du procès, il a été établi que Hien Kambiré Ibrahim avait indûment conservé les frais de mutation de 338 lots, soit un montant total de 135 millions de FCFA.
Le tribunal, après avoir examiné les preuves de faux et usage de faux, a prononcé une peine de prison ferme de 36 mois et une amende de 1 000 000 FCFA en juillet 2025.
Au cours du procès, le procureur a souligné que M. Ibrahim avait induit en erreur la communauté du village de M’Batto-Bouaké en leur promettant des lots dans le cadre du projet immobilier "Apponian Résidentiel". Toutefois, la plupart des lots avaient déjà été attribués à d’autres personnes, et les documents administratifs nécessaires à ces transactions avaient été falsifiés. Le tribunal, s’appuyant sur ces preuves accablantes, a déclaré Hien Kambiré Ibrahim coupable des faits reprochés.
Une candidature qui soulève de nombreuses interrogations
Dans ce contexte, la décision de Hien Kambiré Ibrahim de briguer un mandat de député à Bingerville, à peine sorti de prison, est perçue par certains comme une provocation, notamment par les victimes de son escroquerie. "C'est une insulte pour nous tous", déclare un membre de la communauté spoliée, dénonçant ce retour dans l’arène politique comme une tentative de contourner la justice pour obtenir une immunité parlementaire.
Le débat sur la légalité de cette candidature touche un point sensible du droit électoral ivoirien. Selon la législation, pour être éligible, un candidat doit jouir de l'intégralité de ses droits civils et politiques. Or, une condamnation pénale pour des faits aussi graves qu’une escroquerie et un abus de confiance, notamment lorsqu’elle s'accompagne d’une peine de prison ferme, entraîne généralement une déchéance des droits civiques et politiques. Cependant, le statut de liberté conditionnelle de Hien Kambiré Ibrahim complique l’analyse juridique : bien que libre, il reste sous le contrôle de la justice, et sa peine n’a pas été purgée dans sa totalité.
Cette ambiguïté laisse place à de nombreuses interprétations, d’autant plus que la Commission Électorale Indépendante (CEI) est l’organe habilité à valider l’éligibilité des candidats, et non les médias ou les rumeurs.
Un signal désastreux pour la morale publique
Au-delà de la question juridique, la candidature de Hien Kambiré Ibrahim envoie un signal inquiétant à la société. Elle semble laisser entendre qu’un individu condamné pour escroquerie et abus de confiance peut se voir accorder une nouvelle chance dans l’arène politique, ce qui risque de dévaloriser l’intégrité comme condition préalable à l’exercice d’une fonction publique. Cette situation pourrait renforcer le cynisme des électeurs et nourrir l’idée que l’impunité est tolérée dans les sphères politiques.
Si Hien Kambiré Ibrahim venait à être élu, la situation deviendrait particulièrement complexe. Si sa condamnation venait à être confirmée en appel, la loi prévoit qu’une telle condamnation entraîne la déchéance de ses droits civiques et, par conséquent, son inéligibilité. Dans ce cas, même élu, il serait dans l'incapacité d'exercer son mandat, et son siège pourrait être déclaré vacant, entraînant une élection partielle. Une telle crise institutionnelle risquerait de porter atteinte à la crédibilité du système parlementaire et de jeter le discrédit sur l’Assemblée Nationale.
La Direction de Campagne de Hien Kambiré Ibrahim réagit
Face aux accusations et aux débats qui agitent l’opinion publique, la direction de campagne de Hien Kambiré Ibrahim, à travers le mouvement ECB (Engagement Citoyen pour Bingerville), a dénoncé ce qu’elle qualifie de "désinformation et manipulation de l’opinion". Le mouvement rappelle que M. Ibrahim, selon ses avocats, n’a pas été définitivement condamné et que seule la Commission Électorale Indépendante est autorisée à statuer sur son éligibilité.
En dépit de la polémique, le candidat continue de mettre en avant son programme, centré sur la "responsabilité et les intérêts des populations de Bingerville".
Ce cas soulève des questions profondes sur l’application de la justice en Côte d'Ivoire et sur la transparence du processus électoral. Si la candidature de Hien Kambiré Ibrahim est validée, elle pourrait marquer un tournant dans la manière dont les crimes économiques et les défaillances morales sont traités en politique. Une telle situation ne manquerait pas de renforcer les perceptions d'une justice à deux vitesses et d'affaiblir davantage la confiance du peuple dans ses institutions.
Publiée par crocinfos.net,lenquêteur,artici,ledebat,net
[Hien Kambiré Ibrahim, un candidat de mauvaise moralité]
Le 2 décembre 2024, Hien Kambiré Ibrahim a révélé un système de malversations bien organisé. Cet homme d'affaires comparaissait pour des faits d'escroquerie, d'abus de confiance liés aux frais de mutation, ainsi que pour des falsifications et leur usage, commis entre 2019 et 2024 à Bingerville.
En sa qualité de gérant de la société CICP ASSAMAD SARL, il avait la responsabilité de verser à la chefferie du village les frais de mutation relatifs à chaque lot vendu, fixés à 400 000 FCFA par parcelle. Toutefois, selon les témoignages recueillis lors de l’audience, il semble n’avoir pas respecté cet engagement.
Un précédent jugement du Tribunal de Commerce d’Abidjan avait déjà établi qu’il avait indûment conservé les frais de mutation de 338 lots, pour un montant total s’élevant à 135 000 000 FCFA.
Dans ces conditions, quel crédit de confiance peut-il prétendre auprès des électeurs ? Son ambition de rejoindre le parlement vise-t-elle à se couvrir d’une immunité ou à œuvrer véritablement pour l’intérêt du peuple ? Certains candidats, de cette envergure douteuse, doivent respecter la dignité du peuple, même si la loi semble parfois lente à réagir.
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