Abidjan, le 12 novembre 2025 (crocinfos)---Le 11 novembre 2025, l’ancien ministre et vice-président de l’Assemblée Nationale, Konaté Sidiki, a annoncé sa candidature indépendante pour les élections législatives du 27 décembre 2025. Cette annonce a marqué un tournant dans sa carrière politique et un bouleversement dans la scène politique du Tonkpi, région de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Konaté Sidiki, ancien membre fondateur du RHDP, se présente désormais comme un challenger face à son parti, le RHDP, et au ministre gouverneur de la région, Dr Albert Flindé, dont la candidature a été validée par le parti présidentiel.

Le bras de fer politique entre les deux hommes se profile comme un événement majeur dans les élections législatives à venir. Si l’on se réfère aux précédents parcours de Konaté Sidiki, l’homme jouit d’une longue expérience politique, ayant été élu député à trois reprises dans la commune de Man et ayant occupé des postes clés au sein de l’Assemblée Nationale. Ce poids politique et cette reconnaissance sur le terrain en font un concurrent de taille, malgré la rupture avec son ancien parti. Pour lui, sa décision de se présenter en tant qu'indépendant est avant tout une nécessité de survie politique, dictée par des raisons qu’il juge "irrationnelles" dans sa gestion au sein du RHDP. Loin d'une rupture totale, il considère sa démarche comme un appel intérieur à défendre ce qu'il estime être juste, même si cela le place en opposition directe avec la direction de son ancien parti.

La réaction de la direction du RHDP à cette candidature indépendante ne s’est pas fait attendre. Le parti a fermement condamné les candidatures indépendantes qui émergent de ses rangs, soulignant qu’elles allaient à l’encontre de la discipline et de l’unité qui caractérisent la formation. Le RHDP voit en cette initiative une forme d’indiscipline politique, et a clairement affiché son soutien à Dr Albert Flindé, ministre gouverneur et candidat investi par le parti. Dr Flindé bénéficie de la solidité de sa position politique, d’une gestion notable de la région du Tonkpi et d’un ancrage dans les hautes sphères du gouvernement. Dans ce bras de fer son profil de ministre, gouverneur ne le place pas en bonne position de vainqueur pour représenter la région à l’Assemblée Nationale, il doit se battre.

En effet, l’arrivée de Konaté Sidiki en tant que candidat indépendant ne peut être négligée. Il dispose d’une forte base populaire, surtout à Man, où il a exercé une influence considérable au fil des années. En se présentant sous le slogan "Ensemble pour Man", accompagné du symbole de la "Dent de Man" ou "Flanikouroû", il met en avant un message d'unité et de fraternité, cherchant à attirer les électeurs avec un discours axé sur la solidarité et le développement local.

Dr Albert Flindé, le candidat du RHDP

La confrontation entre ces deux figures politiques représente bien plus qu’une simple élection locale. Elle met en lumière les luttes internes au sein du RHDP, un parti où les ambitions et les désaccords sont de plus en plus visibles. Le choix de Konaté Sidiki de s’engager dans cette élection en dehors du cadre du parti présidentiel soulève des questions sur l’avenir de la discipline et de la cohésion au sein de la formation politique au pouvoir. Tandis que le RHDP mise sur l’unité et le soutien de son gouvernement, M. Sidiki, pour sa part, met en avant la nécessité de défendre des valeurs qu’il juge primordiales pour son avenir politique et celui de ses électeurs.

Ce bras de fer public est une bataille pour l’âme du Tonkpi et pourrait bien influencer la dynamique politique du pays dans les mois à venir. La population de Man et de la région du Tonkpi aura ainsi à choisir entre deux visions du développement et de la représentation politique. Les enjeux sont donc multiples et les électeurs devront juger de la sincérité et de l’engagement des deux hommes pour le bien-être de leur région.

Sériba Koné

[Le vrai problème sur la place publique]

Le phénomène de la manipulation des candidatures au sein des partis politiques est un secret de polichinelle, souvent évoqué mais rarement investigué. Plusieurs candidats, qu'ils soient anciens élus ou prétendants ayant échoué lors des élections locales, n'ont cessé de dénoncer, lors de réunions internes, avoir été victimes de combats insidieux orchestrés par des responsables influents de leur propre formation politique. Ces pratiques, souvent liées au rejet de leur propre candidature ou à celle de leur protégé, sont des éléments récurrents dans les discours internes, mais n'ont jamais fait l'objet d'enquêtes sérieuses pour en identifier les responsables et les résoudre. Une fois l'élection terminée, le phénomène de la transhumance politique prend le relais, où certains, déçus par leur non-sélection, migrent vers d'autres partis, comme si de rien n'était. Konaté Sidiki a-t-il été victime de cette injustice au cours de ses précédentes candidatures ? La question reste en suspens, mais il est fort probable que ce phénomène, omniprésent, se retrouve dans tous les partis politiques. En politique, les luttes de pouvoir sous-jacentes sont souvent invisibles, mais leur impact sur les candidats et leur parcours demeure inéluctable.

Sériba K.