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C R O C I N F O S

[Ghana] Le journalisme d’investigation impose enfin la déclaration de patrimoine aux hauts fonctionnaires

[Ghana] Le journalisme d’investigation impose enfin la déclaration de patrimoine aux hauts fonctionnaires

Une vue des journalistes.

Au Ghana, le projet « Le Quatrième Pouvoir » a permis, pour la première fois depuis 2013, le respect quasi généralisé de la loi sur la déclaration de patrimoine, renforçant la lutte contre la corruption institutionnelle.

[Accra – 18 juin 2025] – En Afrique de l’Ouest, la corruption des fonctionnaires continue de constituer l’un des principaux freins au développement. Les ressources publiques, destinées à améliorer les infrastructures et les services essentiels, sont trop souvent détournées par certains détenteurs du pouvoir, au mépris des besoins fondamentaux des populations.

Face à cette réalité persistante, la loi sur la déclaration de patrimoine se présente comme l’un des rares outils juridiques disponibles pour dissuader l’enrichissement illicite au sein de l’appareil étatique. Elle impose à tout fonctionnaire de déclarer ses biens avant et après son entrée en fonction. Toutefois, son application demeure faible, faute de suivi rigoureux de la part des autorités compétentes.

C’est dans ce contexte que le projet de journalisme d’intérêt public « Le Quatrième Pouvoir », initié par la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA), a redonné vigueur à cette disposition légale longtemps négligée. Grâce à une campagne soutenue et des investigations méthodiques, le projet a permis, pour la première fois depuis 2013, que la quasi-totalité des personnes récemment nommées dans l’administration ghanéenne se conforment à l’obligation de déclaration de patrimoine.


Des résultats concrets et salués au plus haut niveau

Le vendredi 13 juin 2025, le procureur général et ministre de la Justice du Ghana a officiellement clôturé une enquête sur un scandale de corruption mis au jour par The Fourth Estate, la cellule d’investigation de la MFWA. Selon le magistrat, ce dossier a occasionné une perte de plus de 548 millions de GHC (environ 50 millions de dollars américains) pour l’État. Il a annoncé l’inculpation de 12 individus et 9 entreprises, tout en saluant publiquement « l’excellent travail de fond » des journalistes du projet.


Protection de l’environnement, liberté d’expression, fiscalité équitable : un champ d’action étendu

Les impacts de ce journalisme d’investigation vont bien au-delà de la lutte contre la corruption. Pour contrer la destruction massive des réserves forestières du Ghana par l’exploitation minière illégale – souvent orchestrée par des proches du pouvoir –, The Fourth Estate a publié plusieurs enquêtes retentissantes. Ces révélations ont contraint les autorités à engager des mesures correctives pour préserver ces écosystèmes menacés.

La MFWA œuvre également en faveur de la liberté de la presse et du droit à l’information. Elle a vigoureusement dénoncé l’agression de Latif Iddrisu, journaliste de JoyNews, et a exigé justice. Le suspect a été appréhendé et traduit devant les juridictions compétentes. En parallèle, la Fondation dénonce fermement les atteintes répétées à la liberté d’expression en Guinée-Bissau et au Bénin, où des journalistes et activistes sont harcelés ou emprisonnés pour avoir osé critiquer le pouvoir.


Former les journalistes, renforcer la gouvernance

Dans le cadre de ses activités, la MFWA a récemment organisé des formations sur les flux financiers illicites (FFI) et la justice fiscale à destination de 80 journalistes issus de cinq régions du Ghana. Cette initiative, soutenue par la DANIDA et Oxfam, vise à renforcer les capacités d’enquête sur les politiques fiscales et la mobilisation des ressources nationales.

À travers un partenariat avec la Fondation Thomson Reuters, la MFWA met également en œuvre un projet visant à stimuler le journalisme d’investigation au Ghana, au Kenya et en Tanzanie. En mai dernier, un atelier de trois jours a été organisé à Accra, réunissant une dizaine de journalistes autour des enjeux liés à la transparence financière et à la redevabilité publique.


Reconnaissance et perspectives

La Conférence et les Prix d'excellence des médias d’Afrique de l’Ouest (WAMECA) 2025, organisée par la MFWA, a enregistré 793 candidatures en provenance de 15 pays. Cette forte participation illustre l’intérêt croissant pour un journalisme d’investigation rigoureux et au service de la démocratie.

À l’approche du forum national du 26 juin, intitulé « Richesses cachées, lois creuses », la MFWA entend poursuivre son engagement en faveur de la transparence et de la bonne gouvernance, en mobilisant les citoyens, les institutions et les médias.

En cette Journée internationale de lutte contre les discours de haine, célébrée ce 18 juin, la MFWA réaffirme son engagement pour une Afrique de l’Ouest plus juste, plus libre et plus résiliente face aux dérives autoritaires.

Contact presse :

Media Foundation for West Africa

Aar-Bakor Street, Ogbojo – Accra, Ghana

📧 contact@mfwa.org

🌐 www.mfwa.org