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C R O C I N F O S

[Recouvrement des avoirs illicites] Un combat commun à mener par les OSC, les médias et les institutions en Côte d’Ivoire

[Recouvrement des avoirs illicites] Un combat commun à mener par les OSC, les médias et les institutions en Côte d’Ivoire

La photo de famille. Ph.Dr.

En Côte d’Ivoire, OSC, médias et institutions unissent leurs forces pour renforcer la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites, en mettant l’accent sur le recouvrement des avoirs, levier crucial du développement durable.

Abidjan, 26 août 2025 (crocinfos.net)– Les organisations de la société civile (OSC) et les institutions publiques ivoiriennes ont affiché leur détermination à renforcer la lutte contre la corruption et les infractions financières, à travers un atelier de sensibilisation organisé dans le cadre du projet GIABA – Social Justice.

Réunissant experts, médias et acteurs de la société civile, la rencontre avait pour objectif d’expliquer l’importance et les mécanismes de recouvrement des avoirs illicites, outil jugé indispensable pour freiner les flux financiers illicites et soutenir le développement national.

« La Côte d’Ivoire est confrontée à des défis majeurs liés aux flux financiers illicites et à la corruption. Le recouvrement des avoirs illicites est un levier clé pour lutter contre ces fléaux et financer des projets de développement », a déclaré Julien Tingain, président de l’ONG Social Justice, appelant les OSC et les médias à accompagner les institutions dans cette lutte.

Mme Chantal Godet, analyste à la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF). Ph.Dr.

Deux experts étaient au cœur de l’atelier : Romain Ouattara, directeur des affaires juridiques à l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs criminels (AGRAC), et Mme Chantal Godet, analyste à la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF).

Mme Godet a rappelé le rôle opérationnel de la CENTIF dans la chaîne de recouvrement des avoirs, insistant sur la nécessité d’une collaboration active entre institutions, société civile et public. Elle a également mis en avant les 40 recommandations du Groupe d’action financière (GAFI), normes internationales destinées à sécuriser le système financier mondial. « Ces standards évoluent face aux menaces émergentes, mais leur mise en œuvre demeure un défi collectif », a-t-elle souligné, rappelant l’importance de l’évaluation mutuelle et du suivi nécessaire pour améliorer la crédibilité financière du pays.

Dans une perspective pratique, M. Ouattara a présenté les mécanismes de recouvrement et de valorisation des actifs criminels, rappelant que « 1 400 milliards de francs CFA sont perdus chaque année du fait de la corruption en Côte d’Ivoire », selon une étude de Bloomfield Intelligence publiée en 2019. « Sans dépossession effective du criminel du fruit de ses activités, la lutte contre la criminalité économique reste vaine. Faire en sorte que nul ne puisse tirer profit de son délit demeure notre défi majeur », a-t-il martelé.

Romain Ouattara, directeur des affaires juridiques à l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs criminels (AGRAC) Ph.Dr.

Les participants ont convenu qu’un renforcement de la synergie nationale est indispensable. La mise en place de mécanismes de coopération formalisés, de campagnes de sensibilisation ciblées et d’un engagement accru de la société civile sont jugés stratégiques pour bâtir un système financier plus transparent et réactif.

Cet atelier s’inscrit dans une dynamique régionale pilotée par le GIABA (Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest), dont la mission est de promouvoir des politiques de bonne gouvernance et de lutte contre les flux financiers illicites.

« Le combat contre la corruption et le blanchiment d’argent ne peut être gagné que par une alliance solide entre l’État, la société civile, les médias et les citoyens », a résumé Julien Tingain, appelant à une mobilisation commune pour que le recouvrement des avoirs devienne un véritable levier de développement.


Charles Kpan